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L'aménagement de la route Centre-Europe Atlantique bientôt reconnu « chantier prioritaire » ?

Publié le 29 mai 2018

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Réputée pour être l'un des itinéraires les plus accidentogènes de France, la route Centre-Europe Atlantique fait l'objet de travaux d'aménagement depuis 2013. Pour autant, le chantier a pris de multiples retards, déclenchant l'agacement de la Cour des Comptes. Cette dernière estime en effet qu'une « remise à plat du dossier » est nécessaire afin de combler les différents ajournements. Dans ce sens, le projet pourrait également être reconnu « chantier prioritaire ». Explications.
L'aménagement de la route Centre-Europe Atlantique bientôt reconnu « chantier prioritaire » ? - Batiweb
Traversant la France d'est en ouest, la route Centre-Europe Atlantique (RCEA) est surnommée depuis de nombreuses années « route de la mort ». Pas moins de 118 personnes y ont perdu la vie de 2008 à 2016, faisant de cet itinéraire l'un des plus accidentogènes de l'hexagone.

Si d'importants travaux d'aménagement sont envisagés depuis 2011, les chantiers ont été retardés à de multiples reprises. L'enquête d'utilité publique et l'appel d'offres pour le concessionnaire ont tout d'abord fait traîner le début des opérations, qui ont ensuite subi un ajournement du Schéma national d'infrastructures de transport (SNIT) en juin 2013. Finalement, la deuxième phase des travaux devrait se poursuivre jusqu'à – au moins – 2025.

Face à ces nombreux retards, la Cour des Comptes a adressé le 16 mars dernier une lettre aux ministres Nicolas Hulot et Elisabeth Borne afin de réclamer « une remise à plat du dossier ».

Un véritable bras de fer avec le gouvernement

« L'enjeu principal de ce chantier est devenu celui de la sécurité et non plus seulement l'aménagement du territoire », écrit le Premier président Didier Migaud. « La Cour a constaté que (…) l'aménagement de la RCEA est encore loin d'être terminé. Sur une longueur totale d'environ 630 km, un peu plus de 400 ont été mis à deux fois deux voies à ce jour, soit un rythme d'une quinzaine de kilomètres par an en moyenne. »

D'après la Cour, plusieurs facteurs peuvent expliquer un tel retard. « La priorité donnée à la construction de l'autoroute A89 », tout d'abord, ainsi qu'une « volonté politique variable dans le temps et dans l'espace se traduisant par des affectations annuelles de crédits qui n'étaient pas au niveau des ambitions affichées ». Surtout, l'organisme déplore un mode de pilotage catastrophique : « l'aménagement de la RCEA n'a jamais été géré comme un projet d'ensemble ».

Face à ces accusations, le gouvernement a tenté de se montrer rassurant, promettant que « le degré de priorité de (la RCEA) [était] bien pris en compte dans les investissements sur le réseau routier national ». « Les procédures d'appel d'offre se poursuivent à un rythme soutenu en vue de désigner prochainement un concessionnaire » dans l'Allier, ajoutent les ministères des Transports et de la Transition écologique.

Pas de quoi convaincre la Cour des Comptes, qui a formulé une simple recommandation : « actualiser rapidement l'évaluation socio-économique de l'aménagement de la route Centre Europe Atlantique en Saône-et-Loire (…) afin, si nécessaire, de classer cet investissement parmi les chantiers prioritaires. » Une proposition jugée trop coûteuse par les ministères, qui ont cependant assuré qu'une « actualisation du diagnostic de sécurité routière de la RCEA » serait effectuée « d'ici mi-2019 (…) afin de dénombrer plus précisément l'accidentologie constatée et de l'analyser afin d'éclairer la priorisation des sections restant à aménager ». Affaire à suivre, donc.

F.C (avec AFP)

Photo de Une : ©Fotolia

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