Des risques d'inondations sous-estimés sur le littoral méditerranéen ?
Lorsque l’on pense au recul du trait de côte en France, on peut penser en premier lieu à la côte atlantique, avec ses grandes marées et ses nombreuses tempêtes. Toutefois, il convient de ne pas oublier les risques qui pèsent aussi sur le littoral méditerranéen, rappelle la Cour des comptes dans une étude menée avec les chambres régionales des comptes de Corse, de Provence-Alpes-Côte d'Azur et d'Occitanie.
Des zones à risques d’inondations
En introduction, la juridiction rappelle que le littoral méditerranéen est une zone densément peuplée, avec une population de 3,3 millions d’habitants, et qui devrait encore croître de 13 % d’ici 2050. Or, cette partie du territoire concentre un tiers des 35 zones recensées comme « à risque important d’inondation ».
Par ailleurs, selon le Centre d'études et d'expertise sur les risques, la mobilité et l'aménagement (Cerema), plus de 55 000 logements seraient menacés par le recul du trait de côte et l’érosion côtière, dont près de la moitié en Occitanie.
Des politiques publiques insuffisantes ?
Pour la Cour des comptes, les collectivités territoriales du pourtour méditerranéen sous-estiment ces risques, voire les aggravent avec des politiques d’aménagement inadaptées.
« Les collectivités, qui disposent des principaux outils de planification, n’ont pas encore pris la pleine mesure des conséquences de l’exposition de leurs territoires aux risques liés à la mer et aux inondations, qui sont par nature imprévisibles, mais aussi à la mobilité du trait de côte, prévisible quant à elle », note la cour.
Pourtant, entre 1989 et 2019, le coût annuel moyen des sinistres liés aux inondations a atteint 59,9 millions d'euros dans le Gard, 55,6 millions d'euros dans les Alpes-Maritimes et 53,8 millions d'euros dans le Var, contre une moyenne de 8,6 millions à l’échelle de tous les départements de France métropolitaine.
« Face à leur vulnérabilité, les collectivités du littoral méditerranéen ont réagi en ordre dispersé, minorant souvent les effets, faisant prévaloir des intérêts immédiats sans réflexion sur le long terme, sans mettre en rapport les choix d'aménagement avec une recomposition spatiale future », regrette notamment la chambre régionale des comptes d'Occitanie.
Elle estime également que « la prévention et la gestion des risques littoraux exercée par l'État au moyen de plans de prévention n'est pas suffisante ».
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock