La construction de logements neufs dans l'impasse ?
L’investissement des ménages dans le logement neuf continue de baisser, avec une diminution de près de 6 % attendue pour l’année, introduit la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI). Un recul de l'investissement résidentiel qui impacte directement la croissance nationale. Selon une étude de l'OFCE, la baisse des ventes de logements neufs aurait entraîné une perte de croissance de 0,5 % pour le PIB en 2023, ainsi qu'une perte équivalente en 2024.
Des mises en vente en chute libre…
Les permis de construire continuent de chuter, avec une diminution globale d'environ 7 % au troisième trimestre 2024. Cette baisse touche tous les types de logements, qu'il s'agisse de constructions individuelles ou collectives. Par exemple, dans le logement collectif, seulement 59 600 autorisations ont été délivrées, « bien loin de la moyenne de 113 000 observés lors des années précédentes », déclare Didier Bellier-Ganière, délégué général de la FPI.
Un phénomène qui s'explique par plusieurs facteurs, et notamment par « la frilosité des maires face aux projets de construction et les hésitations des promoteurs à déposer des permis pour des logements difficiles à vendre », ajoute-t-il.
Le nombre de logements mis en vente au troisième trimestre 2024 est tombé à seulement 8 700, soit une chute de 41 % par rapport à la même période en 2023. Une baisse historique qui signale un futur assèchement de l'offre : sans intervention, la pénurie de logements devraient s'aggraver d'ici 2027 ou 2028.
Par ailleurs, les retraits de programmes par les promoteurs accentuent encore cette rareté. Le retrait de ces programmes est majoritairement lié à des motifs commerciaux, « les promoteurs hésitant à lancer de nouveaux projets en raison de la demande expiatoire », regrette le délégué général.
…et des promoteurs de plus en plus réticents
Si une baisse était attendue, les prix des logements neufs se maintiennent. « Les coûts de construction, le prix du foncier et les normes réglementaires empêchent une diminution réelle des prix », explique M. Bellier-Ganière.
La FPI indique que cette stagnation des prix, combinée à l'effondrement des volumes de vente, laisse le marché du neuf « dans une situation de blocage », avec des promoteurs de plus en plus réticents à initier de nouveaux projets.
Le secteur de la promotion immobilière fait face à des « défis structurels majeurs », notamment avec la fin du dispositif Pinel, le recul des financements pour les bailleurs sociaux et l'incertitude réglementaire. La fédération appelle ainsi à des mesures d'urgence pourdébloquer le secteur et éviter une crise du logement encore plus profonde.
Parmi les pistes évoquées : un soutien plus actif des pouvoirs publics, la mise en place d'incitations fiscales pour l'investissement locatif, et une simplification des normes de construction. « Si nos dirigeants ne réagissent pas, 2025 sera sanglant », conclut Pascal Boulanger, président de la FPI.
Marie Gérald
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