Un climat toujours morose pour la promotion immobilière au 2ème trimestre 2024
Si la construction de logements reprenait des couleurs à fin juillet, d’après les chiffres de ministère de la Transition écologique, on ne peut pas en dire autant du bilan du deuxième trimestre 2024 rapporté par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
Dégringolade continue des permis et des mises en vente
Selon Didier Bellier-Ganière, délégué général de la FPI,le « déficit de permis de construire » se creuse, avec une baisse de 12,2 %, pour 82 400 autorisations délivrées entre avril et juin 2024, par rapport au deuxième trimestre 2023. La tendance se fait particulièrement sentir dans le logement individuel pur (-20,1 %, avec 18 800 autorisations) mais également dans le collectif (-15,1 %, avec 41 200). Seul l’individuel groupé semble s’en tirer sur ce trimestre (+7,4 %, avec 11 300). Rappelons que de 2015 à 2018, le volume trimestriel moyen s’élevait à 113 000 permis de construire.
Côté mises en vente, les résultats sont « dramatiques », décrit M. Bellier-Ganière. Durant ce T2 2024, ils atteignent des niveaux les plus bas observés depuis 2010, avec -42,4 % entre le T2 2023 et le T2 2024, tombant à 13 953. Entre le S1 2023 et le S1 2024, les mises en vente dégringolent de 36,4 %, passant de 44 238 mises en ventes à 27 962.
De plus, sur 75 % du territoire métropolitain, le retrait d’opérations immobilières, remarqué depuis fin 2023 s’accentue. Au T2 2024, 23 % des logements ont été de la commercialisation (contre environ 7 % au T2 2023). Et ce alors que « certains programmes n’ont pas été commencés », souligne le délégué général de la FPI.
Des réservations potentiellement impactées par la fin du Pinel
Les réservations de logements affichent des résultats mitigés. Certes les ventes au global tombent à 23 150 (-8,3 %), mais les chiffres se partagent entre -22,5 % dans les ventes en bloc et +24,6 % dans les ventes au détail, par rapport au deuxième trimestre 2023. Les rachats par CDC Habitat et Action Logement auraient amorti la chute des ventes aux particuliers. Toutefois, ces transactions sont « loin de compenser sur le long terme. Effectivement, cela vient compenser à 13 000 réservations versus 7 000. Mais c’est toujours à peu près le même compte », tempère Pascal Boulanger, président de la FPI.
Sur tout le premier semestre 2024, les ventes totales régressent de 8,6 %, passant de 47 957 au S1 2023 à 43 839 logements vendus au S1 2024. Les ventes en bloc déclinent de 21,8 %, alors que les ventes au détail augmentent de 30,3 %.
De plus, la fin du Pinel fin 2024 inquiète la promotion immobilière, surtout quand on sait, qu’en glissement trimestriel, les ventes aux investisseurs immobiliers s’écroulent de 30 % (4 477 ventes), tandis que celles aux propriétaires occupants décrochent de 18,1 % (9 034).
Lueur d’espoir cependant : un rapport de la Cour des Comptes est venu redorer partiellement le blason du Pinel. Si l’on reprochait au dispositif d’être inefficace à la hausse de l’investissement locatif, les rapporteurs reconnaissent « qu’ils participent au financement du logement social, que cela peut être un déclencheur dans les opérations de restructuration urbaine », relève notamment Didier Bellier-Ganière.
De quoi ragaillardir la FPI, qui encourage un retour, voire une amélioration du dispositif fiscal. Reste à observer l’issue de cette question, suite à la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Avant l’annonce du nouvel occupant de Matignon, Pascal Boulanger a été clair durant la conférence : « Il est plus que temps que la France se réveille et que nous ayons un Premier ministre conscient de ce qu'il se passe ».
Virginie Kroun
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