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Face à l’incertitude politique, la CAPEB favorable à une vision transpartisane

Publié le 03 septembre 2024

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Le flou politique depuis les législatives en France impacte les entreprises. Y compris celles de l’artisanat du bâtiment. Le point avec Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB.
Face à l’incertitude politique, la CAPEB favorable à une vision transpartisane - Batiweb

Dans la promotion immobilière comme dans d’autres métiers, on sent que le flou politique impacte l’activité du BTP. Est-ce le cas du côté des artisans du bâtiment ? 

 

Jean-Christophe Repon : Il y a eu, dès la dissolution de l’Assemblée nationale, une période d'attentisme des particuliers. Le flou politique a mené logiquement l'ensemble des Français, et donc notre clientèle, à prendre du recul sur les investissements à venir, qu'ils soient dans la rénovation, ou dans le neuf. 

Et donc, d'évidence, ce temps de réflexion sur le nouveau gouvernement, le nouveau Premier ministre, et surtout aussi les arbitrages budgétaires qui rentrent en jeu dans les prochaines semaines, font que, en l'absence de direction bien déterminée notamment pour les aides - je pense à MaPrimeRénov’ -  il y a des Français qui préfèrent investir dans l'épargne plutôt que dans la pierre ou dans l'amélioration de l'habitat.

Pour nous, c'est préjudiciable à court et moyen terme, surtout qu'on était déjà dans une période assez complexe. Nous avions lancé l’appel de la dernière chance pour relancer l'activité, après la hausse des prix de l'énergie et des matériaux. On avait besoin de clarté et de visibilité sur la durée. 

Ce contexte politique n'aide pas du tout l'activité du bâtiment, dans le 2ème trimestre et pour l'ensemble du 1er semestre 2024. On a ce ressenti, à partir de notre baromètre d'adhérents qui nous disent que les devis sont reportés, que la prise de décision est reportée, que les rendez-vous sont reportés. On note un recul d'activité pour le deuxième trimestre, même le troisième trimestre, tiré par la baisse du neuf. Même si la baisse du neuf nous touche un peu moins, elle engage l'ensemble de l'activité.

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, des projets de loi ont été en mis en pause. Lesquels regrette le plus la CAPEB ?

 

Jean-Christophe Repon : L’absence de lois simplification et de programmation ont fait que tous ces arbitrages sur la simplification sont tombés à l'eau, notamment le RGE et la capacité d’y engager plus d'entreprises artisanales compétentes plutôt que de faire un dossier administratif.

On avait des voies de travail avec le ministère du Logement et le ministère de la Transition énergétique. Nous avons besoin, quel que soit le gouvernement, de reprendre ces travaux-là, parce qu'ils engagent un signe fort à la consommation et à l'artisan. Nous avons besoin d'interlocuteurs et non pas d'interlocuteurs démissionnaires, même s'ils ont joué au mieux le jeu dans cette période compliquée.

Et puis on aura besoin de travailler sur l'ensemble du logement, qui est en difficulté. Nous demanderons la naissance d’un Grenelle du logement qui engage la construction neuve, mais également la rénovation.

Le scénario d’un gouvernement technicien revient souvent dans les arbitrages pour Matignon. Qu’en pensez-vous ? 

 

Jean-Christophe Repon : On aimerait bien avoir des politiques en responsabilité qui prennent des positionnements en dehors d'une vision partisane et qu'on ait un système transpartisan.

Après, une vision technique qui nous permettrait d'avancer, s'il y a une réelle connaissance du tissu de l'artisan du bâtiment, pourquoi pas. L’artisanat est le secteur majoritaire dans le bâtiment. Le technicien pur a souvent tendance à voir le logement, le bâtiment, du prisme des grandes entreprises. Il faut prendre en compte la multiplicité des entreprises et la petite taille des entreprises. 

On a toujours été apolitique. On aura toujours, bien évidemment, une vision qui peut aller dans le sens de l'artisanat, mais prioritairement dans le sens des ambitions et des défis qu'on a à relever.

Est-ce que la formation d'un groupe transpartisan sur le logement à l'Assemblée nationale constitue une bonne avancée ? 

 

Jean-Christophe Repon : Bien évidemment qu'un groupe transpartisan, qui positionne le logement comme une priorité nationale, paraît essentiel. Maintenant il faut que ce groupe transpartisan soit vraiment transpartisan, qu'il n’y ait pas une vision dogmatique. Et au final sans que rien ne change. 

J'entends souvent : « Il faut revoir le PTZ, il faut revoir le Pinel et puis il faut revisiter le ZAN ». Nous ne sommes pas dans cette vision-là. Nous pensons qu’il faut faire évoluer ce modèle constructif et qu'il soit en adéquation avec le besoin des Français. Nous sommes plutôt favorables à une vision réellement transpartisane, mais qui soit aussi à l’écoute de la réalité économique du bâtiment. C’est-à-dire que le petit artisanat sur l'ensemble du territoire, qui fait le boulot et la moitié des emplois du bâtiment, est essentiel.

Une fois le nouveau gouvernement nommé, quelles urgences devra-t-il traiter selon vous ? 

 

Jean-Christophe Repon : Quand on parle de logement, on a souvent en tête la construction neuve et la promotion immobilière. Mais il y a aussi tout le stock existant, qu'il faut améliorer, qu'il faut mettre à niveau et qu'il faut rénover. Que ce soit sur la rénovation énergétique, le confort d'hiver et d'été, mais également le vieillissement de la population, le maintien à domicile, etc. 

Donc il faudra sûrement que le nouveau gouvernement rappelle que la transition énergétique et la décarbonation de la construction sont une priorité, et se donner les moyens également, via le prochain budget. Rappelons aussi que ce budget, ce sont des aides aux particuliers, non pas des aides aux entreprises, et que chaque euro engagé par l’État ramène à peu près 3 euros de rentrées fiscales, d'activités et d'emplois.

 

Propos recueillis par Virginie Kroun

Photo de Une : Jean-Christophe Repon

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