Eco Park Stadium : un stade 100 % bois, une première mondiale signée Zaha Hadid Architects

Un club modeste, une vision ambitieuse
On est loin des grandes arènes de Premier League. Les Forest Green Rovers FC évoluent en League Two, l’équivalent de notre National. Mais ce club est bien plus qu’un outsider sportif. Sous l’impulsion de son propriétaire Dale Vince, éco-entrepreneur convaincu, il est devenu une référence mondiale en matière de football durable.
Menus vegan pour les joueurs, pelouse sans pesticides, déplacements en véhicules électriques… Et aujourd’hui : un stade écoresponsable pensé dès la première pierre.
Zaha Hadid à la baguette
Le nom surprend au premier abord : Zaha Hadid Architects, cabinet iconique connu pour ses formes organiques et ses projets monumentaux, de Bakou à Londres. Pourtant, c’est bien à eux que Dale Vince a confié les clés du projet.
Le défi est à la hauteur de leur réputation : concevoir un stade moderne, élégant, performant… uniquement en bois. L’objectif n’est pas seulement esthétique, mais structurel et environnemental. Pas de béton, pas d’acier. Du bois partout : pour les tribunes, la structure porteuse, l’enveloppe.
Le design reprend les courbes du paysage du Gloucestershire, avec des lignes souples et une insertion tout en finesse dans le site. Un stade qui ne domine pas son environnement, mais s’y inscrit naturellement.
Une prouesse technique en bois massif
Travailler avec du bois sur un projet de cette ampleur, ce n’est pas anodin. Il a fallu repenser chaque étape :
- Structure en lamellé-collé, optimisée pour résister aux efforts mécaniques et assurer la sécurité des spectateurs.
- Tribunes modulables,prêtes à passer de 5 000 à 10 000 places sans bouleverser l’ossature.
- Couverture légère, pensée pour intégrer panneaux solaires et ventilation naturelle.
Tout est préfabriqué, assemblé en un temps record, avec une logistique pensée pour minimiser l’impact du chantier. Et côté durabilité, le bois provient de forêts gérées durablement, avec une traçabilité complète.
Zéro carbone, vraiment ?
Ce n’est pas qu’une promesse marketing. L’Eco Park Stadium est pensé comme un écosystème autonome :
- Des panneaux solaires et mini-éoliennes produiront l’énergie sur place.
- Un système de récupération des eaux de pluie permettra d’alimenter les sanitaires et l’arrosage.
- Les accès ont été pensés pour les transports doux : pistes cyclables, covoiturage, bornes électriques.
Même la phase de chantier est soumise à des règles strictes : matériaux locaux, réduction des déplacements, zéro déchet non valorisé.
Où en est le chantier ?
Annoncé en 2015, le projet a connu quelques embûches. Premier permis refusé, recours, ajustements… Le feu vert définitif n’est arrivé qu’en 2019. Depuis, les travaux avancent par phases. Le gros œuvre démarre progressivement, avec une livraison espérée d’ici 2025, même si le calendrier reste conditionné à plusieurs paramètres.
Ce n’est pas qu’un stade. C’est aussi le cœur d’un éco-campus, qui accueillera des entreprises engagées dans la transition écologique, des espaces verts, des infrastructures partagées.
Une exception ou un signal fort ?
Construire un stade en bois peut sembler utopique. Mais l’Eco Park Stadium n’est pas isolé :
- En Norvège, la tour Mjøstårnet culmine à 85 mètres.
- En Suède, le Sara Kulturhus mêle culture et hôtellerie, tout en bois massif.
- En France, le Centre Aquatique Olympique ou plusieurs collèges se dotent de toitures bois monumentales.
Mais aucun n’est un stade, encore moins un projet intégralement bois. L’Eco Park se distingue par sa radicalité. Et surtout, par le fait qu’il est porté par un club privé, sans budget public massif.
Et pour les pros du bâtiment ?
Ce projet soulève des questions très concrètes :
- Peut-on bâtir des structures complexes sans béton ni acier ?
- Comment gère-t-on l’entretien, la sécurité, l’acoustique sur du bois ?
- Le bois est-il vraiment viable économiquement à grande échelle ?
L’Eco Park Stadium ne résout pas tout. Mais il ouvre des pistes. Et surtout, il montre que la performance environnementale peut aller de pair avec une architecture forte et un programme ambitieux.
Ce n’est pas le plus grand stade du monde. Mais c’est peut-être l’un des plus inspirants. Avec l’Eco Park Stadium, le bâtiment durable sort des salons et des tribunes pour devenir un chantier bien réel, tangible, radical dans ses choix.
Pour les acteurs du secteur, c’est un signal. La transition n’est plus une option, mais un terrain d’innovation. Et parfois, elle vient là où on ne l’attend pas : dans un stade de quatrième division.Lectures complémentaires :
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Camille Decambu