Indemnisation des sinistres : les assureurs trop laxistes avec leurs clients ?
L’Union nationale des associations familiales (Unaf) et 60 millions de consommateurs dénoncent « une guerre d’usure » quand il s’agit de prendre en charge les dommages subis au domicile des assurés.
L’équation semble en effet déséquilibrée, puisque l’assuré doit impérativement déclarer le sinistre dans les cinq jours, tandis que les délais d’indemnisation par les assureurs, non réglementés, peuvent être nettement plus longs.
Qui sont les bons et les mauvais élèves ?
« La mutuelle la Macif et le bancassureur Crédit agricole avec Pacifica ont la meilleure pratique, avec un engagement d’indemnisation dans les deux jours ouvrés », souligne l’étude. À l’inverse, « les mutuelles la Maaf et SMABTP ne prévoient aucun engagement de délai au contrat », ajoute-t-elle.
Selon cette étude, BoursoBank et Sogessur, propriétés de la Société générale, s’engagent à indemniser dans les cinq jours. La Maif, Luko et MMA mettent 15 jours. Le reste du marché s’engage sur une indemnisation dans les 30 jours.
Harmoniser et mieux encadrer les différentes phases du règlement du sinistre habitation
Des délais d’indemnisation totalement hétéroclites. C’est pourquoi l’Unaf et 60 millions de consommateurs demandent notamment « une harmonisation et un encadrement des différentes phases du règlement du sinistre habitation : mise en état du dossier, évaluation des dommages, proposition d’indemnisation, accord d’indemnisation et temps d'expertise ».
Interrogé par le mensuel, le médiateur de l’assurance Arnaud Chneiweiss propose lui aussi « que les délais d’intervention soient améliorés. Par exemple, lorsqu’elle est nécessaire, une désignation d’expert pourrait avoir lieu dans les quinze jours. Avec une remise du rapport dans les trois mois ».
Le médiateur estime également que « les règles professionnelles et déontologiques doivent progresser, particulièrement pour les experts d’assurés car aucune condition de diplôme ou d’expérience n’est exigée pour se proclamer “expert d’assuré” ».
« Je propose que les conclusions de l’expert missionné par l’assureur soient toujours transmises à l’assuré », ajoute-t-il.
Les sinistres se multiplient ces dernières années, en raison notamment du dérèglement climatique. En Bretagne, les récentes inondations ont paralysés et paralysent encore aujourd’hui de nombreuses communes. Au rythme tel qu’on le connaît aujourd’hui, le nombre de sinistrés continuera de grimper, et la fréquence des désastres ne cessera de s’intensifier. Un peu d’ordre quant à ces indemnisations serait donc le bienvenu pour les victimes actuelles et à venir.
Jérémy Leduc (avec AFP)
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