Les entreprises du Bâtiment nourrissent peu d’espoir
L’éco-conditionnalité qui rentrera en vigueur le 1er juillet 2014, semble laisser les artisans indifférents : pour 49% des artisans du bâtiment, elle n’est ni une contrainte, ni une opportunité. Dernier point, les auto-entrepreneurs sont perçus comme une réelle menace pour deux tiers des entreprises interrogées (65%).
Tout comme l’année dernière, près d’un artisan sur deux (48%) déclare que son activité est restée stable par rapport à l’année d’avant (contre 52% en 2012). De la même façon, ils sont 31% à estimer que leur activité a diminuée (32% en 2012). Et ce sont les entreprises d’1 ou 2 salariés qui déclarent avoir le plus souffert : 38% d’entre-elles ont vu leur chiffre d’affaires baisser. En revanche, après une chute observée en 2012, le nombre d’entreprises déclarant que leur activité a augmenté au cours des 12 derniers mois remonte légèrement (20% contre 16% en 2012 et 28% en 2011).
Peu de perspectives d’évolution en vue : 52% des entreprises prévoient une stabilité de leur activité pour les 12 prochains mois (55% en 2012), 32% pensent qu’elle diminuera (29% en 2012) et seules 11% pensent que leur chiffre d’affaires augmentera (12% en 2012). … et des répercussions sur les perspectives d’embauche : 8 artisans du bâtiment sur 10 (81%) estiment que leur nombre de salariés restera stable dans les 12 prochains mois (contre 86% en 2012) ; 10% envisagent de licencier (10% en 2012) et seuls 6% espèrent pouvoir recruter (4% en 2012).
Les auto-entrepreneurs : une menace ?
Au 1er janvier 2014, les entreprises du bâtiment vont être soumises à une nouvelle hausse de TVA passant de 7% à 10%. Si l’année dernière, la hausse d’un point et demi avait eu des répercussions assez moindres, cette nouvelle hausse de TVA semble beaucoup plus mal perçue par les artisans du bâtiment : 77% d’entre eux estiment qu’elle va avoir un effet négatif sur leur activité voire même très négatif (51%).
À la question « Diriez-vous que les auto-entrepreneurs constituent une menace pour l’activité de votre entreprise ? », 65% des artisans du bâtiment déclarent que "oui" dont 44% "oui vraiment" (contre 34% "non"). Si les entreprises du gros œuvre se déclarent un peu moins concernées (60%), les entreprises de 1 à 2 salariés les considèrent comme une menace réelle (77%).
L’éco-conditionnalité ne fera pas embauche
À partir du 1er juillet 2014, seules les entreprises et les artisans titulaires de la mention « Reconnu Grenelle de l’Environnement » pourront réaliser des travaux financés par l’éco-prêt à taux zéro et le Crédit d'Impôt Développement Durable (CIDD).
Si ce nouveau principe d’éco-conditionnalité n’apparaît pas comme une contrainte puisque près d’un tiers (31%) des artisans interrogés le voient comme une opportunité, ce n’est pas pour autant qu’il sera synonyme d’investissement ou de recrutement. En effet, 58% des entreprises du bâtiment estiment que le coût d’investissement en matière de formation, de qualification et d’équipements sera faible et 84% pensent que la mise en place de l’éco-conditionnalité ne leur permettra pas d’embaucher dans les deux prochaines années.
Contrairement aux années précédentes, le nombre d’entreprises qui attendent le plus longtemps possible avant d’effectuer des chantiers d’éco-construction (37%) est supérieur au nombre d’entreprises effectuant déjà ce type de chantier (35%).
Si l’on regarde de plus près, ce sont les plus petites structures qui semblent moins ouvertes à ce type de construction : seulement 30% des artisans travaillant seuls effectuent déjà des chantiers d’éco-construction et 36% d’entre eux attendront le plus longtemps possible avant de le faire.
Les freins aux chantiers d’éco-construction
L’obstacle le plus fréquemment cité reste la faible demande de la part des acheteurs (50% en 2013 ; 59% en 2012 ; 57% en 2011 ; 57% en 2010). Selon 2/3 des artisans interrogés, elle n’a pas augmenté depuis l’année dernière : 56% estiment qu’elle est restée stable et 10% qu’elle a même diminuée.
Parmi les autres freins mentionnés : le manque de formation et d’accompagnement (25%), la difficulté à obtenir des aides financières suffisantes (25%), la nécessité d’investir dans de nouveaux équipements (23%) et les effectifs insuffisants (18%).
Cette année, les certifications et labellisations environnementales affichent un surplus d’activité : le nombre d’entreprises qui en bénéficie a plus que doublé passant de 4% en 2012 à 10% en 2013. À l’inverse, le nombre d’entreprises n’en bénéficiant pas et n’ayant pas prévu d’en obtenir a diminué (74% en 2013 contre 79% en 2012).
Les certifications les plus acquises sont les labels Eco Artisan (35%), Qualibois (26%), Qualibat (21%) et Qualisol (12%).
L.P
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