Le secteur construction souffre des retards de paiement, à l'échelle européenne
Il n'y a pas que les entreprises françaises qui souffrent des retards de paiement et des impayés. Selon le dernier rapport EPI* pour l'année 2014, cette tendance s'étend à l'échelle européenne et touche particulièrement trois secteurs : la construction, la santé, l'éducation.
Ces entreprise déclarent ainsi que les retards de paiement affectent leur capacité à conserver leurs collaborateurs ou à en recruter de nouveaux. Dans la construction par exemple, une entreprise sur deux affirme avoir cessé de recruter de nouveaux employés à cause de retards de paiement.
Elles sont presque aussi nombreuses à déclarer que les retards de paiement les ont contraintes à licencier du personnel (39 % dans la construction). .
Ainsi, 64 % d’entre elles déclarent que les retards de paiement et les impayés entravent leur croissance.
« Les problèmes de trésorerie de ces trois secteurs peuvent s’expliquer par leurs nombreux clients issus du public, dont le délai de paiement moyen est de 58 jours, alors que les entreprises privées paient leurs factures en moyenne sous 47 jours et les ménages, sous 34 jours en Europe », ce qui augmentte le risque de défaillance, explique le rapport.
Cependant, « la Directive européenne sur les retards de paiement a l’avantage d’avoir attiré l’attention des pouvoirs publics sur le sujet », précise Anne Williart, Directrice Générale d’Intrum Justitia France tout en reconnaissant qu'il faudra « attendre les chiffres de l’an prochain pour mesurer l’impact concret de son entrée en vigueur».
Forte représentation des PME/TPE
Au-delà des retards de paiement, les entreprises européennes se heurtent à l’obstacle des pertes sur créances irrécouvrables, qui fragilisent leur activité et leurs flux de trésorerie. En France alors que les délais effectifs de paiement se sont stabilisés, le taux de pertes sur créances irrécouvrables enregistre une augmentation pour la première fois depuis 2010, en passant de 2,0 à 2,1%. Dans le secteur de la construction, les pertes sur créances irrécouvrables atteignent les 4 % contre 3,9 en 2013.
L’Industry White Paper issu de l’EPI 2014 souligne les difficultés rencontrées par toutes les entreprises en matière de retards de paiement et de créances irrécouvrables, tout en observant des différences sectorielles significatives. Les secteurs les plus concernés se caractérisent par une forte représentation de PME et de TPE.
« Les entreprises doivent apprendre à faire face à la fragilité actuelle de leurs marchés. L’avenir des entreprises et de leurs actionnaires, de leurs employés et des communautés environnantes dépend de leur capacité à maîtriser leurs coûts et leurs besoins en fonds de roulement via des processus de gestion de crédit très performants », conclut Anne Williart. « Les créances douteuses font grimper les prix des biens et des services. Si les entreprises n’avaient pas à mobiliser des ressources pour se faire payer ou n’étaient pas contraintes de passer des créances en pertes, elles retrouveraient autant de marges de manoeuvres supplémentaires pour baisser leurs prix, accroître leurs investissements en R&D, technologie et ressources humaines, et améliorer leurs compétitivité ».
*L’European Payment Index est réalisée annuellement depuis 2002 sur la base des réponses recueillies auprès de 10 000 dirigeants d’entreprise à travers l’Europe. Cette 14ème édition de l’EPI a été conduite simultanément dans 33 pays entre janvier et mars 2014. Elle a été effectuée par écrit. Le questionnaire a été traduit dans les langues nationales
C.T