En Île-de-France, la reprise du bâtiment menacée par la guerre en Ukraine
En décembre dernier, l’espoir d’une reprise était mitigé chez les entreprises adhérentes à la FFB Grand-Paris Île deFrance.
Certes, selon les derniers chiffres présentées ce jeudi par la fédération, 80 % des professionnels du bâtiment francilien, tous types de travaux confondus, estiment que leur activité a été globalement bonne. Soit un regain d’optimisme de 5 points par rapport au 3ème trimestre.
Cependant l’opinion positive reste plus forte dans l’entretien-rénovation (93 %), que dans le logement neuf (74 %) et le non-résidentiel neuf (62 %). Un léger décalage qui se confirme au niveau de l’activité de ces différents professionnels en 2021.
Ainsi, côté construction neuve, si le logement progresse 5 % en 2021 par rapport à 2020, elle recule de 15 % comparé à 2019. Pareil au niveau des locaux, où l’activité dégringole de 19,4 %, comparé au niveau d’avant-crise, malgré une hausse de 14,9 % comparé à 2020.
En ce qui concerne l’entretien-rénovation, si les entreprises franciliennes enregistrent en 2021 une hausse d’activité de 5,3 % comparé à 2020, elles notent un recul face à la performance de 2019 (-5,5 %). Même la rénovation énergétique, baisse très légèrement par rapport à 2020 (-0,1 %), et légèrement plus par rapport à 2019 (- 2,6 %). Et le dynamisme des aides à la rénovation énergétique de l’Anah en 2021, ne semble pouvoir rien y faire.
La guerre en Ukraine en trouble-fête
La guerre en Ukraine vient à son tour rajouter de l’huile sur le feu inflationniste des prix des matières premières. La FFB avait déjà qualifié ce mercredi le phénomène de « nouvelle onde de choc », impactant le secteur du bâtiment.
Pour la FFB Grand-Paris Île de France, les craintes sont les mêmes. Chez le client, la fédération francilienne redoute un repli de l’investissement, une baisse des dépenses de travaux, et l’augmentation des taux d’intérêts.
Chez les entreprises du bâtiment, les pénuries se font aussi sentir, comme alertait déjà la FFB nationale, compte tenu d’un ralentissement d’approvisionnement chez les pays belligérants, importants fournisseurs d’acier et d’aluminium. Sans compter bien évidemment l’explosion des prix de l’énergie, importante dans la production de matériaux du BTP (tuiles, briques…)
S’ensuivront probablement une difficulté à stabiliser des prix, tant dans la distribution que dans les devis travaux.
Heureusement, la FFB Île-de-France salue des mesures obtenues dans le cadre du plan de résilience et plus largement pour lutter contre la flambée des prix. Parmi elles : la « publication accélérée des index BTP », la « révision des prix et le gel des pénalités de retard dans les marchés publics », « remise de 15 centimes sur les carburants pendant 4 mois », «report de la réforme sur la taxation du gazole non routier (GNR)».
« Mais il faut aller plus loin », estime la fédération francilienne, notamment par une meilleure prise en charge de l’activité partielle, l’indexation de tous les marchés (publics comme privés), l'application de la théorie de l’imprévision des prix pour les marchés privés, ainsi que la massification des opérations de rénovation afin d’« alléger la facture énergétique ».
A l’image de la FFB nationale, la FFB Grand Paris IDF se mobilise, en accompagnant ses adhérents sur le plan contractuel et la renégociation des marchés. La fédération francilienne conseille notamment les entreprises du territoire d’« aller voir les maîtres d’ouvrage » en ce sens.
Alors que, selon ses estimations, 84% des entreprises franciliennes auraient du mal à recruter, la fédération s’engage également dans la grande campagne de communication nationale dédiée, lancée fin mars.
Virginie Kroun
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