En 2021, la construction présente le délai de paiement le plus bas
« Soulagement » dans les délais de paiement des entreprises françaises en 2021, rapporte Altarès ce mercredi 30 mars. Pour rappel, l’entreprise d’analyse statistique contribue chaque année au rapport de l’Observatoire des délais de paiement édité par la Banque de France. Une étude se concentrant chaque année en France sur plus de 35 millions d'expériences commerciales, qui reflètent les comportements de paiement de plus de 2 millions d'entreprises.
« Le vaste plan de soutien aux entreprises de 230 milliards d’euros déployé pour faire face à la crise Covid a permis de maintenir les activités et les emplois. Il a aussi soulagé les trésoreries des entreprises qui ont pu continuer à régler leurs factures à temps. Si le pic d’activité de l’été 2020 au lendemain du premier confinement a fait flamber les délais de paiement, la solidarité entre les entreprises et le travail du comité de crise - mis en place dès mars 2020 pour dénouer les cas les plus difficiles - ont contribué à un retour rapide à des comportements de paiement plus vertueux », développe Thierry Millon, directeur des études Altares.
Ainsi après un retard de paiement global culminant à 14,4 jours chez les entreprises françaises au T3 2020, celui-ci recule à 12,5 jours en 2021. Bien que cette moyenne ne renoue pas avec les niveaux d’avant-crise, la France enregistre un meilleur bilan que l’Europe (13,6 jours).
9,5 jours de retard en moyenne pour la construction
Si l’on compare par région, la Bretagne ressort en tant que « meilleure élève », avec 9,8 jours de retard (contre 11 jours à l’été 2020). L’Île de France demeure la plus retardataire, avec 17,5 jours de retard en moyenne, malgré une légère réduction par rapport à 2020 (17,5 jours).
Constat corroboré par le bilan du bâtiment francilien, qui avait déjà dû mal à rattraper ses retards de commande, selon la FFB Île-de-France.
Il n’empêche que la construction reste la moins impactée par les retards de règlement, observant un retard moyen de 9,5 jours (contre 10 piles en 2020). Le secteur est talonné par l’industrie qui approche la barre des 10 jours, face à 10,6 jours au T3 2020.
On ne peut pas en dire autant du commerce (13,7), de l’information (14,6), de la communication (14,8), du transport-logistique (16), des services au particulier (15,7), et encore moins côté hébergement-restauration (20,3).
Autre bonne nouvelle pour la construction, en particulier dans l’artisanat du bâtiment qui rassemble une majorité de TPE-PME : celles-ci, dans leur globalité, concentreraient le plus faible retard de paiement. Ainsi, les entreprises de moins 50 salariés enregistrent 12,4 jours de paiement en moyenne et celles de 50 à 199 salariés 12,4 jours. Elles rejoignent la moyenne totale des entreprises en 2021 (12,5).
Malgré ce bilan positif, la construction comme tout autre secteur doit retenir que « l’enthousiasme doit aujourd’hui laisser place à la sobriété et la prudence au regard de ce début d’année 2022 et du contexte de la guerre en Ukraine. Au drame humain qui se noue à nos portes s’ajoutent les conséquences économiques indirectes pesant sur les capacités de production, les chiffres d’affaires, les marges et donc les trésoreries et les délais de paiement », avertit le directeur d’études d’Altarés.
La facturation électronique, une solution contre les retards de paiement ?
Un retard du côté des petites entreprises reflète des tensions de trésorerie, là où elles sont potentiellement signes d’un process de facturation excluant des anomalies d’écritures ou des documents incomplets. Pour régler ces défauts d’échanges d’informations, les entreprises seront progressivement soumises à une obligation de numérisation de leur facturation. « Depuis le 1er janvier 2020, toutes les entreprises traitant avec le secteur public, quelle que soit leur taille, doivent transmettre leurs factures sous format électronique ; une exigence bientôt généralisée au secteur privé. A partir de juillet 2024, la facturation électronique s'imposera à l’ensemble des échanges B2B. Toutes les entreprises devront alors être en mesure de recevoir une facture électronique. Les grandes entreprises auront également obligation d'émettre des factures électroniques. Cette obligation sera étendue aux ETI à partir du 1er janvier 2025 et aux TPE-PME au 1er janvier 2026 », détaille Thierry Million. « Outre une réduction des coûts, cette mesure devrait aussi permettre de fluidifier les échanges et potentiellement de réduire les retards de paiement », estime le directeur d’études d’Altarès. |
Virginie Kroun
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