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En 2021, le transport fluvial porté par la construction ?

Publié le 01 juin 2022

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Selon les derniers chiffres de VNF, le transport fluvial repart de plus belle, que ce soit en t-km (+4 %) qu’en volumes (+3,1 %). Un dynamisme sans aucun doute soutenu par la construction, qui représente presque la moitié des marchandises transportés, atteignant les 23,7 millions de tonnes.
En 2021, le transport fluvial porté par la construction ? - Batiweb

Entrainée par les pénuries de matières premières, l’année 2020 n’était pas au beau fixe pour le transport fluvial, comme le rapportait en mars 2021 Voies navigables de France (VNF)

L’établissement en charge de 6 700 km de fleuves, canaux et rivières canalisées à l’échelle européenne note une reprise pour l’année 2021. Avec 52,5 millions de tonnes transportées en 2021, le transport de fret affiche, par rapport à 2020, une hausse de 4 % en tonnes-kilomètres (t-km) et de 3,1% en volumes. « Cela représente l’équivalent de plus de 2 625 000 camions évités sur les routes », commente VNF.

23,7 millions de tonnes de matériaux de construction transportés

 

Reconnue comme la principale utilisatrice du transport fluvial, la construction contribue en 2021 à presque la moitié du volume transporté, atteignant les 23,7 millions de tonnes. Soit une hausse de 5,6% en volumes, et de 16,8% en t-km (2,7 milliards de t-km). Selon VNF, ce retour à la hausse va « dans le prolongement de la reprise observée au second semestre 2020 (+6,5 % en t-km) ». Il reflète de nouveau l’embellie de 2021 dans le secteur de la construction, analysée par l’AIMCC.

« Le secteur dépasse ainsi son niveau d’avant crise et atteint un trafic qui n’a pas été enregistré depuis 1992 », ajoute l’établissement.

Par comparaison, la filière construction dépasse en termes de croissance la filière de l’énergie (+2,3 % des volumes transportés et de +0,8% en t-km). Elle supplante même le secteur agricole, dont le trafic chute de 12,7% en t-km et de 9,7% en volumes. Cependant, le dynamisme de la filière chimie/engrais pourrait bien concurrencer le secteur du BTP, avec certes +11,5 % en t-km (près de 524 millions de t-km) mais +29,7 % en volumes (4,3 millions de tonnes transportées). 

Le plus fort rebond en 2021 dans le transport fluvial revient toutefois à la métallurgie, observant une hausse de 17,9 % en t-km (plus de 568 millions de t-km) et de 16 % en volumes (avec 3,9 millions de tonnes transportées). A savoir que cette progression fulgurante s’explique par l’augmentation des trafics sur la Seine et des exportations du Nord et du Grand-Est vers l’Allemagne. De quoi gommer les effets de la crise sanitaire sur le secteur et redonner par ailleurs des couleurs à la construction métallique, qui se montrait encore optimiste en mars dernier.

La guerre en Ukraine, un frein au transport de matériaux ?

 

« Malgré une longue période de crise, nous continuons de voir de plus en plus de chargeurs et d’acteurs se tourner et s’intéresser au transport fluvial. Le réseau fluvial est fluide et non saturé, il pourrait accueillir jusqu’à 4 fois plus de trafic sur certains axes comme la Seine ou le Rhône. Il est sous exploité alors qu’il est le mode de transport de fret le plus écologique », abonde Thierry Guimbaud, directeur général de l’établissement.

Pour l’intéressé, « il est urgent de booster le report modal », bien que le fret fluvial ne représente que 3% du trafic national de marchandises. « Ne réduisons pas le transport fluvial à 3% ! Si l’on regarde à périmètre égal, sur les départements traversés par un réseau fluvial à grand gabarit (permettant de transporter une très grande quantité de marchandises), la part modale du fluvial est plutôt de l’ordre de 10 à 30% en t-km », nuance Thierry Guimbaud.

Ainsi, selon la conjoncture VNF, le bassin de la Seine a accueilli plus de 3,8 milliards de t-km de trafic et 22,1 millions de tonnes transportées en 2021, soit +8,2 % en t-km et +3,3 % en volumes qu’en 2020. « La filière des matériaux confirme sa progression avec une croissance de +20,9 % en t-km (plus de 2 milliards de t-km) et de +7,6 % en volumes (15 millions de tonnes transportées), grâce à l’augmentation des transports de terres pour remblais depuis l’Ile de France vers la Normandie », relève notamment l’établissement. 

Même constat dans les Hauts-de-France, où le trafic fluvial compte plus de 915 millions de t-km parcourus (+7,1 %) et 10 millions de tonnes transportées (+12,3 %). La performance a encore une fois été soutenue par le dynamisme des matériaux de construction, dont les flux ont progressé de 21,7 % en t-km. Une bonne partie de ces flux se dirigeaient vers la Seine et le Nord-Est.

Toutefois, peut-on objectivement se prononcer sur un bel avenir du transport fluvial en 2022, en provenance, comme en direction de la France ? Le conflit russo-ukrainien, déclenché en février dernier, semble en tout cas faire barrage. 

D’un côté, car les forces russes occupent les ports d’Odessa et de Marioupol, et donc bloquent l’approvisionnement de marchandises, en particulier le transport du blé. Le secteur agricole a donc encore du souci à se faire, tout comme d’autres secteur, y compris celui du BTP.

En effet, la guerre a eu également pour conséquence de raviver les pénuries et l’inflation des matériaux de construction. Parmi les matières en tensions, la FFB relevait l’acier, ce qui a eu pour conséquence d’inquiéter la construction métallique. Sans compter la flambée du prix des énergies – en particulier le gaz et le pétrole russes -, nécessaires à la production de matériaux, comme les briques, tuiles ou le PSE.

En d’autres termes, le transport fluvial des matériaux de construction pourrait bien se trouvée endiguée courant 2022. Affaire à suivre…


Virginie Kroun

Photo de Une : @vnf_officiel

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