18% des ménages français en précarité énergétique, selon l’ONPE
Selon l’ONPE, 11,9 % de ménages ont connu des difficultés à payer leurs factures d’énergie en 2019, dont 30% des plus pauvres. Par rapport à l’année 2018, le résultat est un peu meilleur (12,1%). Ce constat peut s'expliquer notamment par des températures hivernales plutôt douces, « mais cela ne préjuge pas de la situation des plus pauvres », prévient l'observatoire.
Afin d’obtenir ces chiffres, l’ONPE se base sur plusieurs éléments et notamment sur ce qu’on appelle, le taux d'effort énergétique : la part des dépenses d'énergie dans le revenu du ménage, la précarité étant actée quand ce poste atteint 8%.
Dans son tableau de bord 2020, le rapport indique qu’au moins 3,5 millions de français ont été frappés par la précarité énergétique, une situation qui pourrait s’aggraver sous l’effet de la crise économique liée à la pandémie de covid-19. « Il faut trouver des modes d'intervention plus adaptés à ces situations afin d'amortir cette crise économique et sanitaire qui fragilise d'abord les populations les plus précaires et risque de les faire basculer dans des situations de grande pauvreté », indique Arnaud Leroy, président de l'ONPE et de l'Ademe.
Des difficultés de paiement
Dans son rapport, l’ONPE révèle que 18% des ménages français rencontrent des difficultés de paiement de l’énergie avec une importante hausse d’intervention pour coupures, soit 8% de plus qu’en 2013, d’après le baromètre Info-Energie 2020 du Médiateur national de l'énergie.
En effet, suite à de nombreux impayés, plus de 670 000 ménages avaient subi une intervention d’un fournisseur d'énergie, une augmentation de + 17 % par rapport à 2018. Et les perspectives semblent préoccupantes car selon l’ONPE, la hausse du prix de l’énergie et la stagnation du pouvoir d’achat risquent de laisser entrevoir des années difficiles.
Le bilan ajoute que pour 2020 et 2021, les mesures de confinement ont eu de grosses conséquences pour les foyers en précarité énergétique « laissant craindre une explosion des impayés et demandes d'aides aux services sociaux. » Le baromètre note en effet que pendant le confinement, 23% des personnes estiment que la situation financière de leur foyer s'est dégradée. Quant à la consommation dénergie, elle a augmenté, selon Enedis, de 4%. L'explication, le renforcement du chauffage et de l'éclairage des ménages confinés, les repas préparés à domicile et l'usage accru du numérique (télétravail, formation distraction).
De plus, les experts notent la diminution des aides financières comme par exemple le chèque énergie, ou le Fonds de Solidarité de Logement qui a bénéficié à 75 926 ménages en 2018, soit une diminution de - 16% par rapport à 2017. Et « s’inquiètent » du nombre de ménages ayant souffert du froid pendant l’hiver 2018-2019, plus particulièrement pour les 18-34 ans. « 14% des Français déclarent avoir souffert du froid au cours de l’hiver 2019, pendant au moins 24 heures », estime l'observatoire. Parmi les raisons citées par les ménages ? Une mauvaise isolation (41%), un budget limité (31%), une installation de chauffage insuffisante (24%) ou encore une panne de chauffage (21%).
Les consommations d'énergie restent ainsi un sujet de préoccupation important pour 80% des Français. Ils sont d'ailleurs 53% à déclarer restreindre leurs consommations pour limiter leur facture énergétique.
Marie Gérald (avec AFP)
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