La rénovation énergétique délaissée dans les débats pour les législatives ?
La récente dissolution de l’Assemblée nationale a mis un coup d’arrêt à tous les travaux législatifs et réglementaires en cours. Les textes sur la politique publique de rénovation énergétique n’ont pas dérogé à la règle.
Un coup d’arrêt salvateur ?
Mais c’est peut-être un mal pour un bien comme le souligne Rénovons. Plusieurs projets étaient sur le feu avant la dissolution, et ces derniers, s’ils étaient allés à leur terme, auraient pu constituer un coup fatal à la lutte contre la précarité énergétique, avec laquelle sont en prise un nombre croissant de Français.
Report de l’obligation de rénovation des passoires thermiques, révision du coefficient d’énergie primaire impactant le diagnostic de performance énergétique ou encore baisse du budget du dispositif MaPrimeRénov’... Autant de projets mis à l’arrêt au grand soulagement de l’initiative Rénovons.
Malgré l’inconnu vers lequel se dirige le pays, Rénovons ne désespère pas à l’idée que le prochain Gouvernement prenne le problème de la rénovation énergétique des bâtiments à bras le corps. C’est pourquoi l’initiative plaide pour que la massification des travaux de rénovation performante soit placée au cœur des programmes des candidats aux élections législatives.
Un gros coup d’accélérateur va être nécessaire si la France veut remplir l’objectif qu’elle s’est fixé en 2015, à savoir rénover l’intégralité du parc de bâtiment au niveau Bâtiment Basse Consommation (BBC) à l’horizon 2050. Les chiffres actuels des rénovations performantes sont insuffisantes en France (66 000 réalisées grâce à MaPrimeRénov’ en 2022) alors qu’il faudrait passer, selon la stratégie française pour l’énergie et le climat, à 200 000 rénovations en 2024 et 900 000 en 2030. Par ailleurs, au 1er janvier 2023, le nombre de passoires énergétiques est estimé à 6,6 millions, soit 17,8 % du parc.
Quelles mesures pour massifier les rénovations énergétiques ?
Pour inverser la vapeur, l’initiative Rénovons formule un ensemble de demandes à l’intention des différents partis politiques engagés dans la course aux législatives. Pour défendre la rénovation énergétique performante et sortir les ménages de la précarité énergétique, Rénovons souhaite notamment le renforcement du déploiement du parcours MaPrimeRénov’ (MPR) accompagné et son financement pour apporter de la stabilité à l’ensemble de la filière.
L’initiative souhaite également soutenir les Françaises et les Français qui ne parviennent pas à payer leurs factures grâce à un vrai bouclier tarifaire et travailler sur le déploiement d’un reste à charge à zéro pour les ménages en difficulté dans le cadre du parcours MPR Accompagné.
Enfin, Rénovons demande à tous les partis d’accompagner les bailleurs et les locataires dans la mise en œuvre de l’interdiction de location des passoires énergétiques, et de planifier la rénovation en France grâce à une loi d’accélération de la rénovation performante et solidaire.
Devant le constat sans appel que les épisodes de grande chaleur et de grand froid iront de mal en pis, l’initiative Rénovons demande à tous les candidats de faire de la rénovation énergétique performante l’un des piliers de leurs programmes en matière de lutte contre la précarité, de lutte contre le dérèglement climatique et de préservation de l’indépendance énergétique française.
Jérémy Leduc
Photo de une : Adobe Stock