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Précarité énergétique : quand se chauffer devient un luxe

Publié le 05 novembre 2024

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Alors que le froid s'installe, des millions de Français peinent à chauffer leur logement. Associations, collectivités et citoyens se mobilisent pour rappeler aux décideurs que des solutions existent, encore faut-il la volonté politique pour les appliquer.
Précarité énergétique : quand se chauffer devient un luxe - Batiweb

Le 12 novembre 2024 , une vingtaine d'organismes organisent une grande journée contre la précarité énergétique. 

Une initiative qui prend cette année un caractère d'urgence dans un contexte social et politique marqué par la crise énergétique : 30 % des Français ont déclaré avoir souffert du froid chez eux en 2024, contre 14 % en 2020.

De plus, 75 % des foyers réduisent leur chauffage pour limiter leurs factures, une hausse par rapport à 2022. La chaleur excessive devient également un problème, avec 42 % de la population indiquant en 2024 avoir eu trop chaud dans leur logement pendant l'été.

 

Migraines, bronchites chroniques, décès…

 

Les adultes touchés par la précarité énergétique souffrent à 48 % de migraines, contre 32 % dans le reste de la population, et 22 % d'entre eux développent des bronchites chroniques, soit plus du double par rapport aux ménages mieux chauffés.

Les enfants sont également touchés : 30 % des enfants vivants dans des foyers précaires présentent des sifflements respiratoires, contre seulement 7 % chez ceux qui vivent dans des logements bien isolés. Ces affections sont souvent dues à l'humidité et aux moisissures qui se développent dans des logements mal isolés. 

Ainsi, selon le collectif, 10 350 décès seraient dus à l’inefficacité énergétique des logements.

43 % des jeunes (18-34 ans) affirment avoir souffert du froid dans leur logement en 2024, et 53 % rencontrent des difficultés à régler leurs factures d'énergie, un taux presque deux fois plus élevé que la moyenne nationale de 28 %. Les femmes, en particulier les mères célibataires, sont également plus touchées, car elles sont souvent confrontées à des salaires plus faibles et à des charges domestiques plus importantes. 

 

Des aides financières toujours insuffisantes

 

En 2023, le dispositif MaPrimeRénov' a permis de réaliser 570 000 actions de rénovation, avec un budget de 2,7 milliards d'euros. Toutefois, parmi ces rénovations, seulement 14 % étaient des rénovations globales, tandis que 86 % des travaux consistaient en des monogestes, comme l'isolation des fenêtres ou l'installation de pompes à chaleur.

Cette répartition montre que les foyers ne sont pas toujours en mesure de réaliser des rénovations complètes. En 2024, pour encourager des rénovations plus ambitieuses, l'État a relevé le taux de financement à 90 % pour les ménages très modestes. Cependant, l'accès à ces aides reste complexe et souvent insuffisant face aux besoins des foyers, et la demande dépasse les capacités budgétaires disponibles, déplore les associations. 

Quant au chèque énergie, son montant moyen est resté fixé à 149 euros par an en 2024. Bien qu'il vise à aider les foyers précaires à payer leurs factures d'énergie, cette somme est jugée largement insuffisante. Plusieurs associations demandent que ce montant soit triplé (450 euros) et que l'éligibilité soit élargie pour inclure les 30 % des ménages les plus modestes.

Pour sensibiliser et mobiliser la société, la Journée nationale contre la précarité énergétique du 12 novembre 2024 proposera de nombreux événements à travers la France, à Paris, Lyon et Marseille, notamment, ainsi que sur la plateforme Twitch.

 

Une interdiction des coupures d’électricité pour les ménages les plus exposés

 

Les acteurs de la lutte contre la précarité énergétique ont par ailleurs formulé des demandes précises pour améliorer la situation. Ils plaident pour une obligation de rénovation des logements classés G, F et E pour réduire les passoires thermiques, qui représentent 4,8 millions de logements. 

Par ailleurs, les experts appellent à intégrer le confort d'été dans les rénovations, justifiant que l’Ademe estime qu'à l'horizon 2050, 65 % du parc immobilier pourrait être exposé à un risque de chaleur extrême sans mesures adaptées.

Enfin, plusieurs associations demandent l'interdiction des coupures d'électricité en cas d'impayé, y compris en dehors de la trêve hivernale. À la place, elles proposent de maintenir une réduction de puissance minimale, à hauteur de 1 000 watts, pour répondre aux besoins de base (réfrégirateur, charger son téléphone...). EDF applique déjà cette politique, ce qui a permis de réduire de 30 % le nombre de coupures en deux ans. Généraliser cette pratique serait, selon les associations, une avancée « indispensable » pour protéger les ménages précaires.

 

Marie Gérald

Photo de Une : AdobeStock

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