Érosion côtière : des adaptations inégales selon les pays
En mars dernier, la Cour des Comptes publiait son rapport annuel, faisant état d’une inadaptation des villes et logements français au changement climatique et à ses phénomènes extrêmes (inondations, canicule, retrait-gonflement des argiles…).
Parmi les risques pointés du doigt : l’érosion côtière, qui concernerait 20 % des côtes françaises. Environ 500 communes seraient fortement exposées.
« L’équivalent d'un terrain de football disparaît chaque semaine dans notre pays sous l'effet de la progression des océans », alertait également le ministre de la Transition écologique en avril.
Pour anticiper les problèmes liés au recul du trait de côté, la Cour des Comptes appelait de son côté à inclure davantage ce risque dans les politiques d’aménagement du territoire, et proposait la création d’un « fonds de solidarité côtière ».
Cinq mois plus tard, « Nature Cities » publie une étude portant sur l’adaptation de 199 villes à l’échelle internationale. Selon cette étude, installer des systèmes de pompage et des digues dans les villes côtières ne suffira pas, notamment dans les pays les plus pauvres.
« Ces systèmes peuvent conduire à une dépendance inadaptée », « il est donc nécessaire de poursuivre les recherches sur les mesures d'adaptation alternatives et complémentaires pour trouver des solutions mixtes», estiment les chercheurs de diverses universités, regroupés dans la « Global Adaptation Mapping Initiative Team ».
D’après eux, les villes côtières ont une vision trop souvent court-termiste. Elles se concentrent principalement sur la lutte contre l’élévation du niveau de la mer et des inondations, et dans une moindre mesure sur les risques liés à l’érosion et aux tempêtes.
Adaptation institutionnelle VS adaptation de la population
Les experts soulignent par ailleurs que le niveau d’engagement institutionnel dépend des pays et des catégories de revenus.
«Plus le revenu national brut (RNB) par habitant est élevé, plus l'adaptation est institutionnelle», notent-ils. Le rapport cite ainsi des villes exemplaires comme Singapour, Hong Kong, ou encore « plusieurs villes suédoises »
Dans les pays les plus pauvres, notamment en Afrique, en Asie, et en Amérique du Sud et centrale, ce sont davantage les populations elles-mêmes qui tentent de s’adapter, à travers « un effort comportemental et culturel ».
Dans ces villes, « les ménages sont considérés comme les principaux acteurs de l'adaptation face au dérèglement climatique », constate ainsi l’étude.
Claire Lemonnier (avec AFP)
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