300 millions d’euros en plus débloqués par l’UE pour le Canal Seine-Nord Europe
Ce mercredi 17 juillet, la Commission européenne a validé une nouvelle tranche d'aide financière pour le projet Canal Seine-Nord Europe. Les fonds supplémentaires s’élèvent à hauteur de 300 millions d'euros et sont accordés par le cadre du Mécanisme pour l'interconnexion de l'Europe (MIE). Le même financeur qui a octroyé ce même jour 700 millions d'euros dans le projet Lyon-Turin.
Faciliter la circulation de péniches à grand gabarit de la France vers l’Europe de Nord
L’aide accordée au chantier Canal Seine-Nord Europe rejoint les 582 millions d'euros déjà versés par l'UE. Pour rappel, ce grand projet d'infrastructure vise à mieux relier les voies navigables françaises au réseau fluvial du Benelux.
Il doit notamment connecter Compiègne (Oise) à Aubencheul-au-Bac (Nord), via un canal mesurant 107 kilomètres de long et 54 mètres de large. Ce qui permettrait la circulation de péniches à grand gabarit - jusqu'à 185 mètres de long, d'après la Société du Canal - et ainsi de désengorger les principales voies navigables françaises saturées.
L’objectif au bout est également de réduire la circulation de camions de marchandises sur l'autoroute du Nord. Sans compter la relance économique de la région Hauts-de-France, car le futur canal tend à désenclaver les territoires traversés et créer de l'emploi.
Un pierre de plus à cet édifice, en travaux depuis des décennies. Cette construction a souvent été relancé et interrompue, faute de financements suffisants ou de volonté politique. Une première étape a toutefois été franchie en novembre dernier, avec l’inauguration d'un tronçon de 11 kilomètres de voie navigable. L’infrastructure doit être achevée d’ici 2030.
5,1 milliards d'euros de budget à la construction du canal
Moins médiatisé que l’axe ferroviaire Lyon-Turin, le futur Canal Seine-Nord Europe fait toutefois l’objet de polémiques, liées à son coût.
En chiffres, sa construction concentre 5,1 milliards d'euros de budget, financé exclusivement en fonds publics. D’abord par l'Union européenne (2,1 milliards d'euros), puis l'État et les collectivités (1,1 milliard d'euro chacun) et un emprunt de 800 millions d'euros.
Dans un rapport consacré à ces mégaprojets publié en 2020, la Cour des comptes européennes déplorait « une augmentation de 199 % » du coût de ce chantier. Cela revient à une hausse de 3,3 milliards. D’autant que l’institution a estimé les projections de trafic attendu sur le réseau très au-dessus de ses capacités.
La crainte habite aussi la Commission d'enquête environnementale, malgré son avis favorable au chantier en 2024. Cela ne l’a pas empêchée de souligner des points d’achoppement, dont l’impact du tracé fluvial sur la biodiversité ou la pollution émise par les travaux.
À cela s’ajoutent des consommations d’eau pour alimenter le canal, qui prévoient une contenance de 14 millions de m2. Si plusieurs collectifs écologiques s’en inquiètent et s’y opposent, cette méthode ne devrait pas impliquer des ponctions sur les nappes phréatiques, tend à rassurer la Société du Canal.
Virginie Kroun (avec AFP)
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