Quelles solutions pour l'avenir du barrage de Sivens ?
Pour les agriculteurs cela ne fait aucun doute : « seul le projet initial de Sivens est pertinent ». C'est ce qu'ont indiqué les responsables de la FDSEA et des JA, lors d'une manifestation qui s'est tenue ce vendredi devant la préfecture d'Albi alors que les présidents des chambres d'agriculture participaient au même moment dans le bâtiment administratif à une visio-conférence avec la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal et des experts.
Ces derniers ont été chargés le 4 novembre d'étudier les solutions alternatives au barrage, peu après la mort du jeune écologiste Rémi Fraisse tué le 26 octobre sur le site par l'explosion d'une grenade de la gendarmerie.
Le statu quo, « le seul efficient, le moins coûteux »
Les experts ont rendu un rapport le 17 décembre qui recense « 5 scénarios », indiquent les chambres pour lesquelles le statu quo est « le seul efficient (...), le moins coûteux (...), le seul qui garantit une réalisation à court terme ».
« La ministre entend nos arguments sur les délais et le volume nécessaire à l'agriculture, mais elle ne veut pas lâcher sur le fait que la digue ne doit pas être construite là où c'est prévu, notamment par rapport au décès de Rémi Fraisse », a expliqué le président de la FDSEA du Tarn Philippe Jougla, à l'issue de la visio-conférence. « La concession qu'on fait c'est d'accepter une réallocation de volumes d'eau vers le soutien d'étiage plutôt que pour l'irrigation », a ajouté le président des Jeunes agriculteurs du département Roland Legrand.
Plusieurs hypothèses
Le quotidien La Dépêche du Midi a publié vendredi matin des extraits du rapport indiquant que le deuxième scénario des experts prévoit de « redimensionner le barrage » jugé surdimensionné, soit sur place, soit légèrement en amont du site.
De même source, un troisième scénario remplacerait le barrage par un pompage dans le Tarn en amont pour satisfaire les besoins en eau des agriculteurs.
Le quatrième scénario table sur la création de nouvelles retenues latérales le long de la vallée tandis que le cinquième repose essentiellement sur une meilleure utilisation des retenues collinaires existant dans la région.
Ce dernier scénario a la préférence des écologistes. Pour Ben Lefetey, porte-parole du « collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet », ces réserves collinaires « pourraient être connectées et fournir 3 millions de mètres cubes actuellement inutilisés, deux fois plus que la capacité du barrage ».
Vers une sortie de crise début janvier ?
Vendredi, un sapin de 5 mètres planté devant la préfecture témoignait de leurs revendications en faveur de la retenue mais aussi leur hostilité aux zadistes avec notamment une pancarte: « ZAD = zone à dégager ».
Dans ce contexte, l'espoir de la Ministre de trouver une solution négociée à la crise avant la fin de l'année a peu de chance d'être satisfait.
Du côté des pro-barrages, M. Jougla indique que les agriculteurs comptent « mettre la pression sur les experts car ils les ont vu fonctionner avec des a priori ». De son côté, Ben Lefetey, déclarait avant de se rendre à Paris pour rencontrer Ségolène Royal : « il n'y aura sans doute pas de conclusion annoncée vendredi, je pense que cela sera repoussé au début janvier ».
A. LG (avec AFP)
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