Des peines de prison requises contre des marchands de sommeil à Marseille et Montpellier
Ce jeudi, le procureur Guillaume Bricier a requis une peine de quatre ans d'emprisonnement et la confiscation de deux de ses immeubles contre Gérard Gallas, l'ex-policier devenu marchand de sommeil à Marseille. Dénonçant la « stratégie délibérée » mise en oeuvre par M. Gallas, qualifié de « mégalomane cupide », M. Bricier a également requis une amende de 75 000 euros, ainsi que la confiscation définitive d'une somme de 220 000 euros déjà saisie.
Pour son « homme de main », Ali Faissoili Aliani, absent depuis l'ouverture de ce procès lundi, le parquet a requis trois ans de prison, avec mandat d'arrêt, 25 000 euros d'amende et dix ans d'interdiction d'exercer des activités immobilières.
Les accusations portent sur l'acquisition à bas prix d'immeubles dans des quartiers pauvres, ciblant des personnes en situation irrégulière ou en état de précarité sociale. Le procureur a souligné « une infraction d'ordre administratif mais dans une infraction pénale, l'atteinte à la dignité humaine ».
Les logements détenus par Gérard Gallas étaient loués souvent dans des conditions déplorables : pièces exiguës, sans eau chaude ni chauffage, parfois aménagées dans des caves où les cafards et les rats proliféraient.
« La peur change de camp »
Cette affaire n'est pas un cas isolé. À Montpellier, trois hommes et des sociétés qui louaient à des prix élevés des appartements insalubres à des migrants marocains « vulnérables », ont églament été jugés.
Dans le quartier populaire de la Mosson à Montpellier, la résidence Font Del Rey abritait 110 logements, dont 45 étaient déclarés indécents. Des moisissures, des infestations d'insectes, des branchements électriques dangereux, ont notamment été relevés.
Ils ont comparu pour « soumission de personnes vulnérables ou dépendantes à des conditions d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine », et « mise en danger de la vie d'autrui ». Si l'un des propriétaires a été relaxé, d'autres ont écopé de peines de prison avec sursis, et des amendes allant jusqu’à 50 000 euros.
Le tribunal a ordonné le remboursement des locataires plaignants, et alloué des compensations aux associations et à la ville de Montpellier.
« Je suis sûre que les locataires seront ravis. Depuis de nombreuses années, on a tendance à leur renvoyer la faute, à dire que ce sont eux qui n'entretiennent pas leur logement ou qu'ils n'ont qu'à aller se loger ailleurs. Et bien non, ce n'est pas de leur faute, ce sont bien des propriétaires qui ont abusé de leur vulnérabilité », a réagi Marion Persil, directrice d'Habiter Enfin!
« La peur change de camp », a de son côté estimé le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, venu assister à la lecture du jugement.
Marie Gérald (avec l'AFP)
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