L’Île-de-France dessine son plan d’aménagement à horizon 2040
Les élus d’Île-de-France connaissent désormais la feuille de route à suivre pour l’aménagement de la région. Le plan d’aménagement du territoire a été voté le 11 septembre, et s’imposera aux élus jusqu’en 2040.
Le schéma directeur de la région Île-de-France (Sdrif), qui a fait l’objet d’une enquête publique avec 8 700 contributions, a été adopté par une « très large majorité » des élus du conseil régional présidé par Valérie Pécresse (LR). Le précédent Sdrif datait de 2013.
Une mesure qui ne fait pas l’unanimité
Le nouveau document comprend plusieurs mesures, dont une qui s’est retrouvée en plein cœur d’une controverse. Il s’agit de la « norme anti-ghetto », qui vise à freiner la production de logements sociaux dans les communes qui en comptent déjà au moins 30 %, pour instaurer « une mixité sociale réelle plutôt que de laisser la misère entretenir la misère », a déclaré Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, à l’ouverture de la séance.
Les services de l’État avaient retoqué une clause plus restrictive dans l’avant-projet du Sdrif, en 2023, estimant que son application entraînerait une baisse de la construction de logements sociaux de 21 %. « À l’issue de l’enquête publique, la clause a été vidée de sa substance », selon les élus communistes, qui voient « une défaite idéologique de Valérie Pécresse » dans la nouvelle mouture, selon eux seulement « incitative ».
En réponse, le vice-président de la région, Jean-Philippe Dugouin-Clément (UDI), a rétorqué que la clause n’avait « pas bougé » et que la région continuerait, comme elle le fait depuis 2016, à ne pas financer le logement social dans les villes comptant plus de 30 % de logements sociaux.
Malgré les débats autour de cette mesure, elle a tout de même fini par être adoptée, au grand dam d’Adrien Delacroix (groupe socialiste, écologiste et radical). Ce dernier craint qu’une telle mesure bloque le développement de l’offre dans les communes dont les maires souhaitent dépasser les 30 % de logements sociaux, « à l’heure d’une crise majeure du logement» en Île-de-France.
Végétalisation, lutte contre l’artificialisation des sols et proximité des services
Par ailleurs, le Sdrif prévoit la protection de 38 000 hectares d’espaces agricoles, le triplement des fronts verts contre l’artificialisation des sols et la création de 140 nouveaux espaces verts. Il veut créer « un nouvel équilibre entre la ville et la nature » avec la « Région des 20 minutes », inspirée du concept de la « ville du quart d’heure » de l’urbaniste Carlos Moreno.
L’ambition étant de permettre à chaque Francilien de travailler, éduquer ses enfants, se divertir, pratiquer du sport… à moins de 20 minutes de chez soi, avec la création de 144 « polarités », c’est-à-dire des zones regroupant les différents services.
Aujourd’hui, 74 % des Franciliens de la grande couronne ont accès en moins de 20 minutes à la plupart des services, selon une étude menée par l’Institut Paris Région (IPR). C’est l’accès à la santé qui pèche le plus, a précisé à l’AFP son directeur général, Nicolas Bauquet. Et dans les communes les moins denses, seuls 20 % des habitants ont un accès jugé satisfaisant aux services.
Jérémy Leduc (avec AFP)
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