Un ancien policier jugé pour avoir loué 122 logements insalubres
Ce lundi 13 novembre s'est ouvert à Marseille un procès emblématique de la lutte contre l'habitat indigne en France. Gérard Gallas est accusé d'avoir soumis les occupants de ses logements à des « conditions d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine » et d'avoir mis en danger la vie d'autrui.
Les logements en question étaient occupés par des étrangers, notamment des sans-papiers ou des demandeurs d'asile, souvent en famille avec des enfants mineurs. Plusieurs de ces occupants se sont constitués parties civiles et témoigneront via des interprètes.
En plus de Gérard Gallas, son coaccusé, Faissoili Aliani, présenté comme son « gestionnaire » et homme de main, est également visé par l'accusation. Cependant, M. Aliani était absent lors de l'ouverture du procès, n'ayant pas été retrouvé à son dernier domicile connu.
Jusqu'à 10 ans de prison
Les deux hommes encourent jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et une amende pouvant atteindre 300 000 euros. L'avocat de la Ville de Marseille, Me Jorge Mendes, a souligné l'importance de ce procès en tant qu'exemple de l'habitat indigne, qualifiant les conditions des logements de « tout ce qu'on peut imaginer de pire ». Il a décrit des pièces exiguës, parfois sans fenêtre, des toilettes communes sans eau et infestées de rats, louées à des prix allant jusqu'à 600 euros.
Gérard Gallas, âgé de 50 ans, possédait environ une centaine d'appartements à Marseille et dans ses environs, gérés en son nom propre ou par le biais de sociétés civiles immobilières (SCI). Seuls quatre de ces bâtiments, situés dans les quartiers populaires du nord de la ville, font l'objet de ce procès.
L'enquête avait débuté à la suite d'un incendie dans l'un des immeubles visés par la procédure, révélant des appartements insalubres, parfois même aménagés dans les caves.
Benoît Payan, élu maire de Marseille en juin 2020, a réaffirmé son engagement pour mettre fin à ce fléau, appelant à une législation reconnaissant le délit de « marchand de sommeil » et renforçant les sanctions pénales à leur rencontre.
Marie Gérald (avec l'AFP)
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