Diagnostic de performance énergétique (DPE) : sa fiabilité remise en question

Avant d’avoir un diagnostic de performance énergétique (DPE) fiable, beaucoup de chemin reste à parcourir. Plus d’un an après sa réforme, le DPE est de nouveau au cœur des préoccupations des fédérations de diagnostiqueurs et des professionnels de l’immobilier.
Après une enquête diffusée fin mai par 60 millions de consommateurs, une nouvelle enquête a été dévoilée par l’Union fédérale des consommateurs-Que choisir (UFC-Que choisir), démontrant de nouveau l’absurdité de certains calculs sur différents logements.
Compte tenu de l’importance d’une telle évaluation, il serait judicieux, selon l’association, que le gouvernement se penche sérieusement sur le sujet et revoit intégralement les critères de certifications des professionnels du diagnostic.
L’enquête menée par UFC-Que choisir se base sur l’analyse de 34 diagnostics portant sur sept maisons situées aux quatre coins de la France. Elle révèle que pour quatre à cinq évaluations portées sur un même bâtiment, ce logement se voit octroyer une note qui diffère selon les diagnostiqueurs. Avec parfois des écarts ahurissants de trois classes énergétiques.
Un diagnostic faussé et de sérieuses répercussions
Un constat qui ne doit pas être pris à la légère tant cette classification est lourde de conséquences pour les consommateurs. En effet, la loi Climat et Résilience, entrée en vigueur en août 2021, impose aux propriétaires de biens immobiliers de nouvelles règles pour accélérer la transition écologique.
Pour rappel, dès 2023, les détenteurs de passoires thermiques seront obligés de réaliser des travaux de rénovation énergétique s’ils souhaitent augmenter le loyer de leur logement en location. Une obligation qui sera rapidement suivie par d’autres dans les années à venir. D’où l’importance d’un diagnostic fiable pour les propriétaires.
Au-delà du diagnostic apposé par les professionnels du secteur, ces derniers se doivent également de recommander à leur client des travaux permettant d’optimiser l’efficacité énergétique de leur logement. Et sur ce point, l’association UFC-Que choisir rapporte des conseils de travaux douteux.
Selon l'enquête, un installateur a par exemple recommandé la pose d’un chauffe-eau solaire alors que la maison en possédait déjà un. Plus inquiétant encore, l’estimation du prix des travaux jugés essentiels varie selon les diagnostiqueurs, pouvant passer de 3 000 € à 30 000 € en fonction du professionnel.
La part de responsabilité du gouvernement
Une situation préoccupante à laquelle le gouvernement n’est pas étranger. UFC-Que choisir révèle que tous les professionnels contactés sont présents sur un site gouvernemental. L’État a donc une part de responsabilité importante dans ces défaillances.
Pour remédier à cela, l’accent doit être mis sur la formation des diagnostiqueurs. Certains d’entre eux ont été formés à une date antérieure à la réforme entrée en vigueur en juillet 2021. Ce fait peut être à l’origine de ces évaluations éronnées.
Si le gouvernement veut voir l’objectif de rénover 700 000 logements par an, et pendant cinq ans, se réaliser, il a tout intérêt à assurer la montée en compétences des diagnostiqueurs.
Jérémy Leduc
Photo de Une : Adobe Stock