Panneaux photovoltaïques : un million d'installations attendues d'ici la fin de l'année
Du fait de la montée du prix des énergies telles que l'électricité et le gaz, le marché des énergies renouvelables connaît actuellement une bonne dynamique. Mais ce marché, fragile, peut perdre de sa vigueur du fait de nombreux facteurs, à savoir les enjeux liés au contexte économique et politique actuel.
Plus précisément, les évolutions de la législation, la question des aides pour la prise en charge des travaux mono-gestes, ou encore la lutte contre l’éco-délinquance, sont autant de défis auquel va devoir faire face le secteur des énergies renouvelables, mais également Qualit’EnR, organisme de qualification.
Son président, André Joffre, a répondu à quelques-unes de nos questions pour aborder les principales tendances qui marqueront la fin d’année 2024.
Quel bilan tirez-vous des six premiers mois de l’année ?
André Joffre : Notre activité a été très soutenue, avec un nombre d’entreprises qualifiées qui ne cesse d’augmenter. Il y a un secteur qui a particulièrement explosé : celui du photovoltaïque. Depuis le début de l’année, ce sont près de 3 000 entreprises qui ont été qualifiées QualiPV, soit une hausse de 60 % par rapport à la même période de 2023. Je pense que cela vient du fait que le marché est bien installé. Au cours des six premiers mois de l’année, nous avons installé 834 000 panneaux photovoltaïques chez les particuliers. D’ici la fin de l’année, on devrait avoir atteint le million d’installations.
Selon vous, à quoi est dû ce fort attrait pour le photovoltaïque chez les particuliers ?
A.J : C’est avant tout dû au prix de l’énergie. Il a beau avoir été annoncé un petit peu à la baisse, si on regarde sur du moyen/long terme, tout le monde est persuadé que le prix de l’électricité continuera d’augmenter. C’est quelque chose qui a bien été intégré par les Français. Voilà pourquoi ils se tournent vers le photovoltaïque, pour réduire leur facture d’électricité. L’aspect environnemental est également pris en compte. Ceux qui optent pour du photovoltaïque sont généralement des gens avec un bon capital, pour la plupart des séniors, et soucieux du monde qu’ils vont laisser à leurs enfants ou petits-enfants.
Et du côté des autres filières ?
A.J : Les autres filières continuent à se développer, avec des hauts et des bas. Sur le bois énergie par exemple, les fluctuations de prix en ont refroidi plus d’un. Parce que quand le prix de l’électricité était bas, le prix du bois l’était aussi, et quand le prix de l’énergie et du gaz a augmenté, on a vu le prix du bois augmenter également, ce qui n’est pas tout à fait naturel.
En tant qu’organisme de qualification, que mettez-vous en place pour répondre à cette hausse de la demande en panneaux photovoltaïques ?
A.J : Le dernier dispositif que l’on a intégré dans le processus de qualification, ce sont les audits. L’installateur qui a commencé sa formation peut travailler. Une fois qu’il a rempli tous les documents et qu’il a été assuré , nous lui donnons une certification probatoire. Dès qu’il aura fait la première installation, nous envoyons un expert pour la contrôler. Et si tout est bon, à ce moment-là, il devient qualifié pour quatre ans. Nous avons recruté deux prestataires supplémentaires pour la réalisation des audits, de façon à réduire au maximum les perturbations possibles pour les entreprises. En 2024, on estime à 8 000 le nombre d’audits PV qui seront réalisés par 170 auditeurs partenaires.
Les Français sont de plus en plus nombreux à réaliser eux-mêmes les travaux de rénovation de leur logement. Quelles conséquences cela peut-il avoir ?
A.J : Si le particulier veut faire une partie du travail, c’est possible. Mais nous conseillons tout de même à tous ceux qui s’engagent dans de tels travaux de faire appel à un installateur qualifié pour les phases de contrôle de sécurité et de raccordement au réseau, parce que cela relève quand même de dispositions importantes. Dès que l’on touche à la sécurité, il faut être prudent. Je vous donne un exemple. Si on prend le poêle à bois, il faut notamment regarder les conduits de fumée. Si vous en avez un qui est mal installé et qui passe trop près d’une poutre par exemple, cela risque de provoquer un incendie car les normes en vigueur n'ont pas été respectées. Donc il y a des choses à respecter, et notamment sur l’aspect assurance. Si vous mettez le feu à la maison et que vous n’êtes pas assuré, les conséquences peuvent être gravissimes.
Hausse de la demande du photovoltaïque, qualification QualiPV ou encore auto-rénovation… La fin d’année va être chargée pour Qualit’EnR, en plus du salon Interclima à venir. À quoi peut-on s’attendre de votre part ?
A.J : C’est l’occasion de prendre contact avec les installateurs. Interclima nous permet d’avoir un retour direct de leur part. Le secteur du renouvelable est une niche intéressante qui tend à se développer davantage. Les pouvoirs publics ont annoncé qu’ils allaient augmenter les volumes d’activités. On vit sur des objectifs quantitatifs d’installation solaire, thermique, énergétique… Donc on voit bel et bien que la tendance n’est pas au ralentissement, cela signifie qu’il y a encore beaucoup de travail pour les entreprises du secteur. Interclima va être l’occasion de rencontrer beaucoup d’installateurs, d’échanger avec eux, afin qu’ils puissent suivre au mieux cette dynamique.
Propos recueillis par Jérémy Leduc