Dépollution des terres : un chantier exemplaire de désorption thermique à Saint-Etienne
Dans la ZAC de Châteaucreux, à proximité de la gare de Saint-Etienne, l’îlot de Stronglight, qui s’étend sur 10 hectares, est un site qui a accueilli des activités industrielles pendant des centaines d’années. Aujourd’hui, l’Epase (Établissement Public d’Aménagement de la ville de Saint-Étienne) souhaite reconvertir le site pour créer un quartier résidentiel de 400 logements ouvert sur la gare, ainsi que des espaces verts. Problème : les diagnostics environnementaux ont révélé une contamination du sous-sol aux métaux lourds, hydrocarbures, composés organiques halogénés volatils (COHV) et, dans une moindre mesure, aux polychlorobiphényles (PCB) et hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
La désorption thermique, une technique qui présente de nombreux atouts
L’Epora, établissement public foncier d’État qui intervient sur les départements de la Loire, de l’Ardèche, de la Drôme, du Rhône (hors métropole) et en nord Isère, a déconstruit l’ancienne usine, et est désormais en charge de la dépollution du site. Le plan de gestion, établi en concertation avec la Dreal Auvergne Rhône-Alpes, prévoit l’excavation, le tri, le traitement par désorption thermique (venting) et le réemploi des terres. L’Epora s’appuie pour cela sur une équipe d’experts : l’Apave, en tant qu’AMO sites et sols pollués, Tesora pour la maîtrise d’œuvre, et Valgo, pour les travaux de dépollution.
Leur objectif : utiliser la technique de la désorption thermique « on site » pour décontaminer les terres et les réemployer. La désorption thermique, encore peu répandue, consiste à excaver des terres polluées et à les chauffer à plusieurs centaines de degrés, puis à extraire les polluants sous forme gazeuse et liquide, avant de les épurer dans des filtres à charbon actifs.
Les terres excavées sont dans un premier temps amoncelées par piles de 1 000 m3, puis chauffées à 100°C. La température stagne pendant la phase d’évaporation de l’eau, puis est montée à 220°C pour évacuer les polluants par volatilisation, qui sont ensuite récupérés et traités. En tout, la chauffe d’une pile dure entre 3 et 4 mois. La dépollution des deux premières piles, qui vient de s’achever, a montré des résultats concluants et conformes aux objectifs de requalification. Le traitement va donc se poursuivre. Sur les 56 000 tonnes de terres de l’îlot Stronglight, 26 000 seront réutilisée en l’état, et 30 000 traitées grâce à la désorption thermique.
Cette technique présente de nombreux avantages, à la fois financiers (minimisation des coûts liés à l’évacuation des terres, et à l’achat de remblais), environnementaux et de sécurité sanitaire, puisque les contrôles effectués permettent de garantir la qualité et la traçabilité des terres réemployées.
Une initiative soutenue par l’Ademe
L’Ademe a considéré cette initiative comme exemplaire et l’a soutenue grâce à une subvention de 675 000 €.
En 2015, un autre chantier mené par l’Epora, sur le site de Novacieries à Saint-Chamond dans la Loire, avait déjà été labellisé « projet de référence nationale » par l’Ademe pour le traitement innovant engagé, centralisant la gestion, le recyclage, le traitement par biotertre, et le contrôle de terres contaminées, pour un coût quatre fois inférieur à un traitement en filière classique.
C.L.
Photo de une : ©Epora