De l’hydrogène à partir de déchets de bois, c’est la proposition d’Hymoov
John Bilheur, dirigeant d’IREMIA, était l’invité du 6e Live Innogaz organisé le 6 mai dernier. A cette occasion, il est revenu sur la genèse du projet Hymoov, et aussi sur ses objectifs. Il explique avoir créé cette nouvelle société avec Bruno Hug de Larauze, Directeur Général d’IDEA, prestataire indépendant de supply chain, avec des capitaux propres, à hauteur de 200 000 € apportés à 50-50. Les deux hommes partagent des valeurs communes. Celle de co-entreprendre tout d’abord, de travailler collectivement. Et aussi cette volonté d’agir pour l’environnement.
Qu’est-ce qu’Hymoov ? John Bilheur rappelle qu’en France, « on produit 2,4 millions de tonnes de déchets de bois par an dont 1,3 million de tonnes ne sont pas valorisées. Ces tonnages vont être exportés ou enfouis, ce qui a un impact sur la protection des sols et la ressource en eau, et sur les émissions de gaz à effet de serre ». La société vise ainsi à valoriser les déchets de bois qui seront utilisés pour la production d’éco-hydrogène.
Pourquoi parler d’« éco » hydrogène ? « On est sur de l’économie circulaire ». L’idée est de mettre fin à l’enfouissement. « Plutôt que de travailler avec de la biomasse issue de la forêt, dans un premier temps, je préfère donner une seconde vie à des déchets types meubles usagers, déchets issus de l’industrie ou de la démolition ». « Il y a aussi cette notion d’écologie puisqu’on préserve des ressources naturelles et on produit un gaz renouvelable. Et d’économie. On est sur un modèle économique qui renforce l’emploi local, les ressources en local, et c’est de la compétitivité à terme pour les entreprises ».
Le Président d’Hymoov précise que dans le cadre du projet les déchets de bois seront collectés et triés par les acteurs de la filière recyclage auprès des industriels et des collectivités. Ces déchets seront ensuite broyés et déferraillés, puis transportés vers l’unité de production. « Notre objectif est de travailler en lien avec la filière du déchet de bois pour trouver des exutoires aux déchets, mais pas de collecter nous-mêmes ».
S’appuyer sur l’existant
La stratégie de développement de la société s’appuie sur un assemblage de différentes briques technologiques. Ces technologies matures (TRL 8 – 9) « ont déjà fait l’objet de différents essais, voire de commercialisation, mais l’assemblage n’a pas été fait ou alors à plus petite échelle. Donc nous, la partie R&D ou innovation se limite aux interfaces entre les différentes briques technologiques qui sont une pyrogazéification, c’est-à-dire, un process qui nous permet de transformer une matière carbonée, en matière gazeuse ». Ce syngas ou gaz de synthèse est ensuite épuré et recombiné pour obtenir le gaz voulu, un méthane de synthèse (CH4) ou de l’hydrogène (H2) en fonction de la finalité de l’unité d’exploitation. « On est sur un taux de CH4 qui est de l’ordre de 4 à 5%, et l’hydrogène présent dans le singas sorti de gazéifieur, entre 20 et 25% ».
La première unité mise en place sera dédiée au CH4, « une première étape qui nous permet de mettre le pied à l’étrier ». « Nous sommes sur un démonstrateur industriel de 5 MW de puissance ». A terme, l’idée est bien sûr de déployer ce même type d’unité pour la production d’hydrogène qui sera destiné à la décarbonation de l’industrie ou à de la mobilité durable, précise John Bilheur.
L’unité Hymoov sera implantée à Montoir-de-Bretagne sur une ancienne friche industrielle réhabilitée par IDEA. Le début de la construction est prévu pour le 1e trimestre 2022, pour une mise en service début 2023. Le site a vocation à devenir un éco-parc centré sur les énergies renouvelables et l’économie circulaire. « Il y a déjà une centrale photovoltaïque de 700 KW, et un méthaniseur est en cours de construction », révèle le président d’Hymoov.
« L’éco-parc est un terrain de jeu idéal », poursuit-il. « On pense à des synergies puisqu’on sera en mesure de valoriser le CO2 issu du méthaniseur pour augmenter notre production de CH4 via la méthanation. Et puisqu’on aura de la chaleur excédentaire, on sera également en mesure d’alimenter le méthaniseur en chaleur ».
Où en est-on du déploiement ?
« Nous avons activé notre étude de faisabilité afin de déterminer précisément le scénario qui sera choisi au niveau technique, et d’en découler, de manière plus précise, le business modèle économique, les aspects réglementaires et environnementaux », détaille John Brilheur. Il rappelle que la réglementation en vigueur ne permet pas d’injecter du méthane issu de la pyrogazéification à moins d’obtenir une dérogation dont bénéficie d’ores et déjà la société, étant l’un des lauréats d’un appel à projets de la CRE.
Le gaz produit sera réinjecté dans le réseau terrestre (GRDF a été choisi comme partenaire). La société prévoit de valoriser environ 15 000 tonnes de déchets par an. La production de gaz de synthèse devrait atteindre 33 000 MWh/an, pour un débit d’environ 400 Nm3/h.
Rose Colombel
Photo de une : ©Hymoov