Signature d’une charte de bonnes pratiques par les méthaniseurs
Entre la flambée des prix de l'énergie ravivée par la guerre en Ukraine et la présidentielle, la politique énergétique en France et la nécessité d’une souveraineté du pays en la matière tendent à s’affirmer. Si, pour l’heure, la piste du mixte énergétique est privilégiée par Emmanuel Macron, quelle place à accorder à la biomasse dans ce plan ?
Certes les chaudières biomasse connaissent un fort succès en France, mais pour certains experts, il convient aussi de miser sur le biométhane.
Tel semble être le discours du groupe de travail biogaz, relié au Comité Stratégique de Filière Nouveaux Systèmes Énergétiques, qui annonçait jeudi 31 mars le lancement d’une charte de bonnes pratiques, portant sur le développement et l’approvisionnement des méthaniseurs.
Sept premiers signataires, dont des pontes de l’énergie
C’est durant la Bio360 Expo à Nantes, que la charte a été signée par sept acteurs spécialisés dans le négoce de biomasse et l’approvisionnement de méthaniseurs. Agricarbone, D-Carbone, Enia, iNex, Margaron, Organix (Suez) et Valbenne (TotalEnergies) s’engagent ainsi dans les ambitions de la charte, regroupées sous quatre principes.
En premier lieu, les signataires livreront leurs savoirs et savoirs-faire au profit de producteurs de matières organiques et des opérateurs d’unités de méthanisation en recherche d’intrants. Une manière d’« optimiser la valorisation durable de ressources méthanisables et structurer des données exploitables pour le bénéfice de la filière dans son ensemble (traçabilité, qualité, quantité, production, valorisation) », développe les membres du groupe de travail biogaz.
Une transparence sur les ressources vendues, leurs origines et leurs caractéristiques, devra être également assurée. Les actuels et prochains signataires auront pour troisième engagement d’« inciter à la durabilité des systèmes ».
Concrètement, cela signifie un recours aux circuits courts, à l’application des logiques d’économie circulaire ainsi qu’une sensibilisation d’autres acteurs. Sensibilisation portant sur les problématiques découlant notamment de l’utilisation des biomasses d’origine agricole (fertilité organique des sols, stockage de carbone).
Enfin, les signataires devront proposer des coûts d’intermédiation raisonnables et accompagner d'autres acteurs dans la production de ces tarifs. L’idée ? Instaurer une valeur équitable entre apporteurs de matières et méthaniseurs, gage de pérennité de la filière.
Filière elle-même gage de la pérennité du gaz en tant que ressource thermique en France, alors que tout un attirail législatif tend à diminuer sa consommation par les ménages. Il faut dire que selon les chiffres Opendata Réseaux Énergies cités par le groupe de travail biogaz, la méthanisation poursuit son déploiement amorcé depuis dix ans.
Ainsi en mars 2022, on compte 1 300 méthaniseurs en service, dont 383 sites en injection biométhane.
« L’atteinte des objectifs fixés par la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (entre 14 et 22 TWh à horizon 2028 pour le biométhane injecté, contre 4,3 TWh en 2021) nécessitera la mobilisation croissante de biomasse de diverses origines et de pratiques aptes à prévenir les tensions sur les territoires. À cet effet, l’identification et la mobilisation durable des ressources organiques pour alimenter les méthaniseurs constituent des sujets stratégiques », conclut le groupe de travail Biogaz.
Pour découvrir la charte complète, rendez-vous sur le site du groupe de travail Biogaz.
Virginie Kroun
Photo de Une : Comité Stratégique de Filière Nouveaux Systèmes Énergétiques