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Le Gabon voudrait un nouvel aéroport à Libreville malgré des réticences

Publié le 02 janvier 2006

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LIBREVILLE, 28 déc 2005 (AFP) - Malgré une situation financière fragile et un trafic aérien en baisse, le Gabon est bien décidé à équiper sa capitale d'un tout nouvel aéroport, dont le projet suscite déjà des remous parmi les bailleurs de fonds et les défenseurs de l'environnement.
Le président réélu Omar Bongo Ondimba l'a dit et répété tout au long de sa campagne électorale, le nouvel aéroport de Libreville est une priorité. Un des "chantiers générateurs d'un grand nombre d'emplois" qu'il a promis sous les calicots pour redonner au Gabon, selon sa profession de foi, "son climat d'effervescence et de dynamisme des années 1970".

Initié il y a cinq ans déjà, le projet est ambitieux, puisqu'il vise rien moins qu'à "faire de cet aéroport le +hub+ de toute l'Afrique centrale", toujours selon le chef de l'Etat. Deux pistes de 3.850 m de long capables d'accueillir les nouveaux géants des airs de type Airbus A380, une aérogare passagers susceptible de traiter simultanément 15 avions, une aérogare marchandises, une tour de contrôle, des dépôts de carburant, le descriptif technique du nouvel équipement est impressionnant, au moins sur le papier.

Pour justifier ce chantier, les autorités gabonaises avancent d'abord des arguments de sécurité. "Le gouvernement a décidé de délocaliser l'aéroport parce qu'il a été rattrapé par la ville", explique le responsable du projet au ministère des Transports, Jean-Pierre Obiang Zué. "Sa situation actuelle ne lui permet plus de se développer". Et de rappeler les riches villas construites illégalement le long de la piste ou la proximité "stratégique" de l'aéroport des résidences des principaux dirigeants du pays, "qui oblige les avions à faire beaucoup d'acrobaties". Sans oublier la série noire qui a vu en deux ans deux avions s'écraser à un jet de pierre de quartiers habités.

"Dans ces conditions, le gouvernement pense qu'il est nécessaire de déplacer l'aéroport sur un nouveau site, plus souple d'utilisation", résume le conseiller Obiang Zué.

Il y a près d'un an, le gouvernement a retenu le site de Malibé 2, à 20 km au nord de la capitale mais en plein coeur d'une zone forestière qui borde l'un des parcs nationaux dont s'enorgueillit volontiers Libreville. Ce qui inquiète les défenseurs de l'environnement.

"Le parc d'Akanda est un refuge pour les oiseaux et la forêt classée de la Mondah le poumon vert de Libreville", déplore le président de l'association Brainforest, Marc Ona, "y construire un aéroport va causer un bouleversement écologique considérable".

Outre ces réserves "vertes", le nouvel aéroport, dont le coût est affiché à 150 milliards de francs CFA (près de 230 millions d'euros), suscite la franche hostilité des bailleurs de fonds du pays. "Cet équipement n'a aucune justification économique car le trafic aérien local est en baisse", relève l'un d'eux. "Ce projet n'est pas une priorité, donc nous n'y participerons pas".

Ce refus n'a pas entamé la volonté des autorités gabonaises, bien décidées à mener le projet à son terme au nom de la lutte contre le chômage. "C'est vrai que le trafic a baissé mais cet aéroport sera une vraie ville qui va accueillir 3.000 emplois", corrige Jean-Pierre Obiang Zué. Mais pour réaliser cette promesse, le Gabon devra d'abord convaincre le Fonds monétaire international (FMI), avec lequel il espère bientôt signer un accord synonyme de réduction de sa dette. "A l'heure où l'on parle de bonne gouvernance, je ne crois pas que le FMI verra ce projet d'un très bon oeil", confie un observateur économique.

A ce jour, aucune date n'a encore été avancée pour le démarrage du chantier, encore moins pour l'inauguration du nouvel aéroport.

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