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Michel Barnier « est capable de faire un consensus », selon Olivier Salleron

Publié le 06 septembre 2024

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Au lendemain de l’annonce de Michel Barnier au poste de Premier ministre, le bâtiment n’a pas tardé à livrer ses réactions. C’est le cas de la FFB, dont le président Olivier Salleron se dit rassuré face au nouveau visage de Matignon. Entretien.
Michel Barnier « est capable de faire un consensus », selon Olivier Salleron - Batiweb

Comment avez-vous réagi à la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre ?

 

Olivier Salleron : La première réaction, c'était une satisfaction mesurée, mais quand même un a priori positif. Je l’ai toujours qualifié de gaulliste social, amoureux de son territoires et des territoires. Pour notre secteur, c'est très important, parce qu'il sait ce qu’est un aménagement du territoire. Il s'est occupé de tout ce qui était infrastructures, dont des Jeux Olympiques d’hiver 1992. 

Ensuite, il a été plusieurs fois ministre, dont de l'Environnement - aussi important pour le monde du bâtiment en général et du logement en particulier - et après, dans les instances européennes de très haut niveau. On a vu avec le dossier Brexit, qu'il a traité avec calme, fermeté, que c’est quelqu’un qui connaît le monde politique et les subtilités de la négociation.

Cette personnalité nous paraît rassurante, dans ce moment d'instabilité qui nous paraissait chronique. Évidemment pour nous, hommes du bâtiment et de la filière construction en général, il nous faut des réglementations, des lois, des méthodes qui soient pérennes pour nos entreprises. Que nos entreprises puissent investir et stabiliser sur un plan, de manière à ce qu'on soit tranquilles pour les trois à cinq prochaines années minimum, et qu'on s'y tienne.

Je pense, mais c'est l'avenir qui nous le dira, qu'il est capable de faire un consensus au sens large, entre la droite, le centre et la gauche

Quelles priorités devrait traiter le nouvel occupant de Matignon, selon vous ? 

 

Olivier Salleron : Un des premiers travaux dont a parlé le président de la République il y a 10 jours, c'était le logement. Il a avoué son mea culpa de ne pas avoir assez fait sur le sujet, tout comme le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. 

Monsieur Barnier a intégré toutes ces questions. Dans ses premières déclarations, le mot logement a été prononcé. Et il y a deux ans,  la FFB, l'avait interrogé, lorsqu’il avait participé à la primaire de la droite. Dans notre interview,il a proposé un pacte logement et de très vite décider des choses inscrites dans les programmes du monde de la construction, immobilier, logement, et de ne pas tomber dans une réunionnite supplémentaire. Nous, les grands débats, les assises, les comités, les CNR Logement, les réformes, ou les Grenelle, on n'en veut plus.

Je crois qu'on a perdu assez de temps au niveau du bâtiment, et du logement en particulier, qu'il soit neuf ou rénové. On l'a vu avec MaPrimeRénov’, qui a été coupée en mille morceaux en début d'année. On a dû faire tout un travail avec les autres organisations professionnelles [de l’Alliance pour le logement, NDLR], afin de rétablir tout ça.

Pouvez-vous nous rappeler les actions concrètes les plus importantes pour la FFB ?

 

Olivier Salleron : Pour le neuf, c’est évidemment de rétablir le prêt à taux zéro ou à taux préférentiel. Avec l'effondrement de la construction neuve, on va atteindre aux alentours de 250 000 logements cette année, alors qu’il nous en faudrait à peu près 400 000.

Et puis, le Pinel doit être remplacé. Quand on voit ce que rapporte un logement ou une construction, même en Pinel, par rapport au dégrèvement d'impôts et la fiscalité que cela entraîne, c'est-à-dire aujourd'hui tout petit, si on n'aide pas, et bien on ne construit pas, donc il n'y a pas de recette

Pour la rénovation énergétique, MaPrimeRénov’ a été catastrophiquement amendée au 1er janvier dernier, et il a fallu qu’on se batte pour revenir à un sytème MaPrimeRénov’ 2023, qui était déjà complexe mais beaucoup moins que celle de cette année. On ne veut pas que soit remis le même PLF 2024 au 1er janvier prochain et qu’on arrive à 85 % de dossiers en moins.

Bercy a annoncé un déficit  de 8 milliards d’euros dans les recettes publiques. Craignez-vous que cela impacte le budget consacré à la rénovation énergétique dans le PLF 2025 ? 

 

Olivier Salleron : Bien sûr. Quand on voit que Gabriel Attal a annoncé des économies en ponctionnant dans le Fonds vert, on répond attention. Il y a quand même ce qui a été promis et ce qui est lancé : la rénovation énergétique de toutes les écoles, le décret tertiaire qui oblige à rénover tous les bâtiments privés et administratifs avec 40 % d’économies d’énergie. Je crois que M. Barnier ne se laissera pas avoir là-dessus et ne sabrera pas les budgets sur l'environnement.

De plus, quand on construit 100 000 logements en moins sur 15 mois, et bien c'est 100 000 logements qui ne rapportent ni de TVA, ni de plus-value sur la construction, sur les fabricants de matériaux, sur les entreprises de construction, et sur tous ceux qui les assurent, les financent ou les conseillent. C’est un manque à gagner extraordinairement élevé, malheureusement pour ce gouvernement-là.

Au-delà du pouvoir d’achat, la crise du logement actuelle n’est-elle pas aussi une question foncière ? Notamment avec l’objectif zéro-artificialisation nette des sols (ZAN)

 

Olivier Salleron : Tout est à peu près lié. Oui, le ZAN a modifié certaines choses, tout comme certains maires avec des fibres environnementalistes. Après, dans n'importe quelle commune, les promoteurs aujourd'hui n'ont tellement pas construit, qu'il y a du foncier.

Mais en tout cas, ça n'a pas bridé l'envie de nos concitoyens d'acheter un bien ou d'investir. Durant la crise Covid, les Français ont beaucoup épargné, dont les ménages moyens et plus. Donc beaucoup veulent investir. Ce petit coup de pouce que faisait l'État envers nos concitoyens pour acheter leur premier logement ou des aides de dégrèvements fiscaux comme le Pinel, rapporte entre 4 à 6 fois plus, quand on regarde bien les chiffres. Malheureusement, Bruno Le Maire et le budget ne regardent que l'investissement, c'est-à-dire ce qu'ils décaissent, et pas les recettes. Mais quand on n'investit pas, derrière, il n'y a pas de recettes.

 

Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de une : FFB

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