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Une île 100 % autonome en électricité grâce aux énergies renouvelables

Publié le 09 avril 2014

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La petite île d'El Hierro, dans l'archipel des Canaries, sera bientôt la première île au monde 100% autonome en électricité grâce aux énergies renouvelables. La centrale Gorona del Viento associera cinq éoliennes et deux bassins pour l'énergie hydraulique. Le projet prévoit également de convertir le parc automobile en tout électrique d'ici 2020. De quoi éviter à l'île, réserve de la biosphère de l'Unesco, d'émettre chaque année 18 700 tonnes de CO2 et de consommer 40 000 barils de pétrole.
Une île 100 % autonome en électricité grâce aux énergies renouvelables - Batiweb

« C'est un projet qui est considéré au niveau mondial comme pionnier et l'un des plus importants dans la production d'énergies renouvelables », assure Alpidio Armas, président du Cabildo, l'autorité locale de l'île El Hierro.

La plus petite île de l'archipel des Canaries prépare en effet un projet de grande ampleur : devenir la première île au monde 100% autonome en électricité grâce aux énergies renouvelables.

Pour cela, elle mise essentiellement sur sa principale ressource, le vent. Mais « le vent n'est pas constant », d'où l'idée de le combiner avec l'eau, explique Juan Manuel Quintero, directeur général de la centrale Gorona del Viento, située près de la capitale Valverde.

Le vent et l'eau comme énergie

Selon un schéma unique en son genre, l'installation de l'île associe cinq éoliennes et deux bassins, l'un à 700 mètres au-dessus du niveau de la mer, l'autre 650 mètres plus bas.

Le parc éolien, d'une puissance de 11,5 mégawatts, couvrira amplement la demande des usines de dessalement d'eau de mer et des quelques 10 000 habitants (8 mégawatts en heures de pointe).

Concernant l'excès d'électricité, elle servira à propulser l'eau de mer adoucie du bassin inférieur vers le supérieur. Et quand le vent tombera, l'énergie hydraulique prendra le relais, en relâchant l'eau du haut vers le bas, offrant une puissance de 11,3 mégawatts.

Ce système « nous donne une garantie dans la fourniture d'électricité », souligne Juan Manuel Quintero, qui supervise les derniers essais en grandeur nature avant la mise en service de la centrale d'ici quelques semaines.

Une forme de laboratoire expérimental des EnR

« La vraie nouveauté d'El Hierro est que les techniciens arrivent, sans être connectés à un quelconque réseau national ou insulaire, à garantir une production électrique stable, issue à 100% d'énergies renouvelables, en s'affranchissant de l'intermittence du vent », confirme Alain Gioda, historien du climat à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à Montpellier, qui a visité l'île une dizaine de fois.

Le projet va encore plus loin avec la conversion de l'ensemble du parc automobile de l'île en tout électrique d'ici 2020, soit 6 000 voitures renouvelées au total grâce à un accord avec Renault-Nissan. Une usine de recyclage d'huile en biodiesel vient également d'ouvrir ses portes.

Par sa taille et population réduites, « El Hierro peut être une forme de laboratoire », estime Alpidio Armas, et un exemple pour les îles du monde entier, où vivent 600 millions de personnes. L'expérience proposée sur l'île d'El Hierro a déjà fait le sujet de plusieurs congrès internationaux, à Malte et en Corée du Sud notamment. Déjà Hawai, Samso (Danemark), Oki (Japon), Aruba (Pays-Bas) et l'Indonésie s'y sont intéressées.

D'un budget de 80 millions d'euros, la centrale appartient à 60% au Cabildo, 30% au producteur d'électricité Endesa (Enel) et 10% à l'Institut technologique des Canaries.

« Nous avons voulu être propriétaires de la majorité de la centrale: cela signifie que les bénéfices et possible pertes, donc le destin de Gorona del Viento, ce sont les habitants de l'île eux-mêmes qui s'en occupent »,précise Alpidio Armas.

Qui dit énergies renouvelables ne dit pas forcément facture allégée. Les habitants payeront toujours le même tarif d'électricité partout mais les recettes de la centrale gonfleront le budget de l'île. « Nous parlons d'un à trois millions d'euros » par an, « ce sont des revenus pour l'île qui peuvent être reversés à la population, dans le prix de l'eau, l'entretien des infrastructures, les politiques sociales... ».

Lors de l'inauguration officielle prévue fin juin, la centrale couvrira déjà 50% de la demande en électricité, et veut monter au fil des mois jusqu'à 100%.

De quoi éviter à l'île, réserve de la biosphère de l'Unesco, d'émettre chaque année 18 700 tonnes de CO2 et de consommer 40 000 barils de pétrole. La centrale au fioul ne sera désormais plus qu'une solution exceptionnelle de dépannage.

C.T (avec AFP)
© Kletr - Fotolia.com

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