Le pouvoir d'achat immobilier des jeunes en chute libre entre 1998 et 2010
Pour cette étude*, trois années de référence ont été retenues : 1998, 2004 et 2010, qui correspondent aux années de l'enquête patrimoine de l'Insee. De manière générale, elle révèle une diminution « significative » du pouvoir d'achat immobilier des ménages entre 1998 et 2010.
En 1998, en moyenne, sept ménages sur dix (de 66 % à Strasbourg à 77 % à Bordeaux) étaient en mesure d’acquérir un bien immobilier correspondant à leurs besoins dans une des douze métropoles régionales étudiées ; douze ans plus tard, en 2010, ils sont généralement six ménages sur dix ou moins (de 44 % à Marseille à 66 % à Nancy) à pouvoir le faire. Sans surprise, la cause de cette chute du pouvoir d'achat n'est autre que « la hausse des prix immobilier, ainsi que l'effet de la crise au cours des dernières années ».
« Cette hausse des prix immobiliers ne s'est pas accompagnée d'une augmentation identique des salaires même si la hausse de la durée des crédits et la baisse des taux d’intérêt ont contribué à accroître la solvabilité des ménages pendant la même période », précisent les auteurs de l'étude.
Les quinqua en tête
Quelle que soit l'année d'observation, ce sont les quinquagénaires qui disposent en France du pouvoir d’achat immobilier le plus important.
« Cela correspond naturellement à une tranche d’âge où revenus et patrimoine sont significativement plus élevés. Sur l’ensemble du territoire, les quinquagénaires ont donc plus de facilité à acquérir un bien immobilier correspondant à leurs besoins », note l'étude.
En 2010, les trois quarts des 55-60 ans en moyenne pouvaient acheter dans l'une des grandes capitales régionales étudiées et la moitié à Paris.
Viennent ensuite les sexagénaires, dont les besoins de logement sont « moins importants puisque les enfants de ces ménages ont quitté le domicile familial. Cela contribue à améliorer leur pouvoir d’achat immobilier et à compenser pour partie la diminution de revenus enregistrée généralement à partir de cet âge », explique le rapport.
Les trentenaires connaissent en revanche des difficultés pour acquérir un bien immobilier : en 2010, seulement la moitié en moyenne des 30-35 ans pouvaient acquérir un bien immobilier correspondant à leurs besoins dans une capitale régionale et moins d’un sur quatorze (7 %) à Paris.
Une situation très dégradée pour les moins de 30 ans
Et la situation s'est aggravée en douze ans pour les moins de trente ans. Le pouvoir d’achat immobilier des 20-25 ans a été divisé par deux en moyenne dans les principales métropoles de province, et est devenu quasiment nul à Paris (1 % en 2010).
A l’inverse, les plus de 65 ans ont perdu de 1998 à 2010 en moyenne « seulement » un dixième de leur pouvoir d’achat immobilier dans les principales métropoles régionales et un quart à Paris.
En effet, ceux qui étaient déjà propriétaires en 1998, année caractérisée par un bas de cycle des prix immobiliers, ont bénéficié ensuite d’une revalorisation de leur patrimoine immobilier, leur permettant d'acheter plus facilement un nouveau bien immobilier. Ce qui n'est pas le cas de ceux qui ne sont pas devenus propriétaires avant la hausse des années 2000.
« La forte hausse des prix immobiliers observée durant la première décennie des années 2000 a donc eu pour effet d’accroître les disparités entre les générations dans les grandes villes », concluent les auteurs.
*La mesure utilisée est celle du baromètre Capacim (CAPacité AChat IMmobilier) qui mesure le pouvoir d’achat immobilier des ménages pour un bien correspondant à leurs besoins et compte tenu de leur structure familiale sur le marché de l’ancien.
C.T
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