La hausse sûrement durable du prix du bois aiguise de plus en plus l'appétit des investisseurs.
Les forêts françaises se portent bien! En témoigne la forte progression de leurs prix ces dernières années. En 2007, ils ont augmenté de 8,5 %, après avoir déjà grimpé de 4,8 % en 2006. Cette moyenne ne tient pas compte des forêts situées tout autour de la Méditerranée et dont les prix sont très fluctuants.
Désormais, l'hectare de forêt (non bâtie) se négocie à 5 540 euros en moyenne. Mais, cette moyenne cache de très importantes disparités régionales, les prix allant de 780 à 8 800 euros l'hectare. Sans surprise, les forêts de moins de 10 hectares, plus sensibles aux prix de l'immobilier, tirent toujours leur épingle du jeu et se vendent 24 % plus cher que les autres.
La belle santé des forêts françaises est en grande partie due à la récente flambée des cours du bois. Soutenu par une demande croissante d'arbres pour l'énergie ou encore la construction, le mètre cube de bois a grimpé de 55 % en deux ans et de 29 % l'année dernière ! Il est vrai que depuis le début des années 1970, le prix des forêts évolue en fonction de celui du bois et de la terre. Toutefois, les années 1999-2005 ont échappé à la règle. «Après la tempête de 1999 qui a mis à terre cinq années de récolte, le prix des forêts a continué à grimper, soutenu cette fois par la hausse du prix de la terre et surtout la baisse des taux d'intérêt», explique Robert Levesque.
La hausse sûrement durable du prix du bois aiguise de plus en plus l'appétit des investisseurs. Le marché, où l'offre est nettement inférieure à la demande, a été particulièrement actif l'an dernier, avec des opérations portant sur plus de 115 000 hectares.«En quarante ans, ce seuil n'avait été dépassé qu'en 1990», explique Laurent Piermont, PDG de la Société forestière de la Caisse des dépôts. Depuis deux ans, les biens de plus de 100 hectares représentent plus de 40 % des surfaces cédées, les personnes morales (entreprises...) étant les premiers acquéreurs dans ce domaine. «Les personnes morales anticipent de nouvelles valorisations du bois liées à ses nouvelles utilisations tant dans le domaine de l'énergie que pour ses facultés de stockage du CO2», avance Laurent Piermont. À l'heure où les prix du baril de pétrole volent de record en record, le ministère de l'Agriculture souhaite tripler l'utilisation du bois énergie d'ici à 2020.
Dans ce contexte très porteur, les professionnels ne voient pas de bulle se former sur le prix des forêts. «Il existe actuellement un écart de prix de 5 à 10 % entre le prix de marché et celui des fondamentaux. Il s'explique sûrement par l'anticipation de nouvelles hausses des prix du bois», explique Laurent Piermont.