Partant du constat que « 70% de la population mondiale, estimée à 9 milliards d’individus, habitera dans des villes en 2050 », Bruno Lafont a ajouté que « cette urbanisation constitue un défi et une opportunité pour l’industrie de la construction » et donc en premier lieu pour Lafarge. Il a présenté les ambitions de son groupe pour contribuer à relever ce défi et les a résumé autour de la nouvelle signature du groupe Lafarge « Construire des villes meilleures ».

Un investissement très important en R&D

Les activités du groupe, recentrées depuis un an autour du ciment, du béton et des granulats, devront placer l’innovation et la performance au centre de leurs démarches. Cela pourra prendre des formes différentes, adaptées au contexte local, dans chacun des 64 pays où le groupe est présent. Bruno Lafont affirme que cette stratégie devra faire de Lafarge un acteur économique qui contribue à construire des villes « meilleures », en tout cas adaptée aux grands enjeux démographiques et sociétaux du XXIème siècle.

Cinq grands axes structureront cette nouvelle démarche visant à rendre les villes :
- plus accueillantes en intégrant la préoccupation du logement pour tous,
- plus compactes, grâce à la construction d’immeubles de grande hauteur permettant d’éviter l’étalement urbain
- plus durables avec des constructions solides et pérennes, répondant aux préoccupations environnementales actuelles et futures
- plus belles, grâce à un partenariat renforcé avec les architectes
- mieux connectées, en amplifiant l’offre de produits et services pour les travaux publics et les infrastructures.

Au delà de simples axes de communication, cette volonté affirmée par Lafarge se traduit dans de nombreuses innovations, dans un investissement très important en R&D, et, fait nouveau, dans le développement de services aux clients, prescripteurs et maîtres d’ouvrage. Une nouvelle organisation commerciale, par marché et par grand compte, va contribuer à diffuser produits et services auprès des clients du groupe, à travers le monde. Le groupe a présenté des réalisations récentes ou à venir qui s’inscrivent dans cette démarche. Elles sont trop nombreuses pour qu’on les cite toutes ici, mais nous en avons retenu deux qui nous semblent assez emblématiques.

Des maisons individuelles sur niveaux

Le MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à Marseille illustre ce qu’un produit récent peut contribuer à concevoir. Grâce aux performances du DUCTAL, l’architecte Ruddy Ricciotti a imaginé un musée qui utilise toutes les propriétés de ce béton fibré très particulier. La peau du musée, sorte de dentelle de béton, sa structure et les passerelles qui le relient au quartier du Panier ont été entièrement réalisées avec ce produit, ce qui est, à notre connaissance, une première.

A Bègles, en collaboration avec la municipalité et un bailleur social, Lafarge a participé à la naissance d’un concept intéressant, sur lequel nous reviendrons plus en détail, quand il sortira de terre. Sur une parcelle de centre ville, il va être construit un immeuble qui va abriter, sur sept niveaux … des maisons individuelles avec un jardin privatif. Sur un principe de poteau-dalle, l’architecte, le bureau d’étude de Lafarge, le maître d’ouvrage et la municipalité ont imaginé un concept qui réconcilie le rêve du « pavillon et de son jardin » de nombreuses familles françaises, le souhait d’habiter près du centre-ville et l’optimisation du foncier.

Un béton qui piège les polluants

Enfin, parmi les innovations présentées, mentionnons un nouveau béton dépolluant. Contrairement aux produits déjà existants celui-ci fonctionne sans lumière. Il est donc particulièrement adapté aux milieux confinés, privés de lumière, tels que les parkings et les tunnels. Un prototype est développé dans le centre de recherche de Lafarge, à L’isle d’Abeau. Le produit sera aussi testé grandeur nature dans une des cheminées d’extraction du tunnel de la Croix-Rousse à Lyon. Il est basé sur un procédé permettant de piéger une partie des oxydes d'azote qui sont les principaux polluants issus des moteurs diesel et de les dégrader par réaction chimique en simples nitrates et nitrites. « La première génération s'attaque aux NOx, mais d'autres pourraient suivre et traiter d'autres polluants », a déclaré Carlos Espina, directeur de la recherche chez Lafarge. Ce nouveau produit devrait être disponible dès 2014.

Plus de 450 millions d’Euros d’EBTIDA et 1 milliard de Chiffre d’affaire, c’est ce que Lafarge attend de son portefeuille d’innovations dans les trois prochaines années. Le groupe Lafarge a réalisé 15,8 milliards d’euros de C.A. en 2012, avec une présence dans 64 pays et 65 000 collaborateurs. C’est un groupe allégé de ses activités couverture et plâtres et recentré sur ses activités cœur de métier que Bruno Lafont a présenté à la presse, à Paris jeudi 11 avril. C’est aussi un groupe qui, en 7 ans, a vu passer la part de son C.A. réalisé dans les pays émergents de 32% à 59%.

Régis Bourdot

Photo d'Aether Crédit Charles Plumey-FAYE
┬® Lisa Ricciotti Future tour Lodha World One qui sera au centre de Mumbai (Bombay) la plus haute tour du monde entièrement destinée à l'habitation. Conçue par le cabinet de l'architecte Pei avec la participation de Lafarge pour la proposition d'un béton à valeur ajoutée issu du mélange de micro silicie en vrac.

Photographe : Courtesy of Lodha Group
Architecte : Pei Ieoh Ming
Copyright : Courtesy of Lodha Group - Ieoh Ming Pei (architecte)
Date de prise de vue : 2011.05.23