Travaux de reprise : causes et conséquences pour les entreprises de construction
Ce sont 2551 professionnels de 15 pays européens (Allemagne, Autriche, Suisse, Espagne, France, Hongrie, Italie, Pologne, Serbie, Croatie, Tchéquie, Royaume-Uni, Slovaquie, Roumanie et Slovénie) qui se sont prêtés au jeu. Le panel a été interrogé en février dernier par PlanRadar, dans le cadre d'une étude sur les principales causes et conséquences des reprises dans le secteur de la construction.
« La tenue des délais reste l’une des priorités des entreprises de construction. En cela, les imprévus liés aux travaux ont non seulement des conséquences économiques, mais aussi des répercussions sur le projet et l'entreprise dans son ensemble. Dans ce marché très complexe, les entreprises n’ont donc pas d’autre choix que d’améliorer leur contrôle qualité. En misant sur le numérique pour réduire le risque de reprises, elles pourraient économiser chaque année plusieurs millions d’euros », déclare Sander van de Rijdt, co-fondateur et CEO d'entreprise spécialisée dans la digitalisation des projets de construction et d’immobilier dans le cloud.
Des travaux de reprise aux causes diverses et variées
Si les causes des reprises sont assez variées (erreurs humaines, mauvaise qualité des matériaux…), trois d’entre elles se dégagent particulièrement selon l’étude.
La majorité des pays étudiés (12 sur 15) déclarent que le manque de communication et de collaboration entre tous les acteurs est la cause principale de la multiplication des reprises. Ces lacunes représentent même la cause principale des travaux de réfection pour 61 % des entreprises françaises.
On retrouve en deuxième position le manque d’organisation et la mauvaise gestion des documents de chantier. Sont notamment pointées du doigt les difficultés pour trier et organiser les documents sur un chantier. De quoi impacter les équipes et entraîner des retards et des malentendus sur les tâches à réaliser.
L’insuffisance des contrôles qualité est citée comme troisième facteur favorisant le risque de reprise. Pour la majorité des entreprises hongroises, tchèques, slovaques, slovènes, croates et serbes, le contrôle qualité a même une influence décisive. À l’inverse, l’Italie, la Pologne et la Roumanie considèrent que les erreurs de contrôle qualité n’ont qu’un impact modéré sur les reprises.
Le portefeuille, la réputation et l’environnement impactés
Les travaux de reprise ont de multiples conséquences sur les entreprises des pays interrogés. Sur le plan économique, ils représentent en moyenne 11 % du coût total d’un projet pour les entreprises de construction européenne. Les entreprises françaises estiment par exemple que ce type de travaux équivaut à 5 à 10 % de leur chiffre d’affaires, tandis qu’en République tchèque et en Slovaquie, ce coût peut atteindre jusqu’à 30 % des coûts totaux du projet.
Les conséquences peuvent être également réputationnelles, puisque selon leur gravité, les reprises peuvent entraîner des retards de livraison et, de fait, une dégradation des relations entre entreprises de construction et leurs clients. Un cas de figure qui concerne 8 pays sur 12.
Le dernier impact de ce type de travaux est environnemental. Le gaspillage de matériaux qui découle des travaux de reprise constitue pour le Royaume-Uni, la France et l’Espagne une autre conséquence majeure. Sur le marché britannique par exemple, environ 13 % de tous les matériaux solides livrés sur les chantiers de construction restent inutilisés, ce qui représente quelques 10 millions de tonnes de matériaux pour la plupart non-recyclables.
L’une des solutions possibles : la digitalisation
La majorité des entreprises sondées admet qu’une meilleure communication entre toutes les parties prenantes, et une planification précise et réaliste des tâches permettraient de réduire les coûts de reprise sur site.
L’utilisation d’outils numériques, facilitant la gestion des documents, le contrôle qualité ainsi que la traçabilité du respect des normes et des réglementations, permettrait de limiter le risque de reprise. Des pays comme le Royaume-Uni manifestent leur intérêt pour l’automatisation et la standardisation des tâches à l’aide de jumeaux numériques ou de l’IA pour améliorer les techniques de construction.
Jérémy Leduc
Photo de Une : AdobeStock