PME Centrale, entre économie collaborative et mutualisation des achats
Pouvez-vous nous raconter la création de PME Centrale ?
Gaëtan de Sainte Marie : La création de l’entreprise résulte de la rencontre de deux histoires. Après avoir fait des études en France, je suis parti travailler en Australie au sein d’un grand groupe. J’ai alors réalisé que les grandes entreprises faisaient des choses assez exceptionnelles, que les PME pourraient faire également si elles arrivaient à se regrouper pour travailler ensemble. J’ai créé une première entreprise de mutualisation de moyens pour les PME, en 1999 à Sydney, qui pourrait s’apparenter au ‘’cloud’’ d’aujourd’hui.Lorsque je suis rentré en France, j’étais persuadé qu’il y avait un avenir sur la mutualisation de moyens pour les PME. J’ai alors rencontré quatre entrepreneurs du BTP de Lyon, qui avaient constaté qu’ils étaient souvent en compétition avec les grands groupes du marché ou leurs filiales. L’idée était de permettre aux ETI et PME de se regrouper sur les achats dits non stratégiques afin d’y passer plus de temps et avoir des capacités de négociation plus importantes. De notre rencontre, nous avons créé PME Centrale ensemble il y a 17 ans et cela s’est développé petit à petit.
En quoi consiste PME Centrale précisément ?
G. S. M. : C’est ce qu’on appelle une centrale de référencement, différente d’une centrale d’achats. Nous référençons des fournisseurs, auprès desquels nous avons négocié des contrats-cadres qui s’appliquent ensuite à l’ensemble de nos sociétés adhérentes. C’est très simple de fonctionnement et cela permet aux petites entreprises d’avoir accès à des conditions nationales. Les contrats-cadres sont négociés à l’année, et nos adhérents peuvent donc les utiliser au fur et à mesure.Dans le BTP, la partie véhicules est un point important, qu’il s’agisse d’un achat ou d’une location longue durée. Il y a toute la partie location de matériel, pour laquelle nous travaillons avec Kiloutou et Loxam, entre autres. Nous échangeons aussi avec Adecco pour ce qui relève de l’intérim. Après, il y a également le petit outillage, la quincaillerie, les EPI, et les services généraux (téléphonie, fournitures de bureaux, photocopieurs, etc.).
Finalement, comment fonctionne PME Centrale ?
G. S. M. : Soit vous êtes déjà adhérent de PME Centrale depuis un certain temps, et vous pouvez directement prendre contact avec le fournisseur qui a intégré le fait que votre entreprise fait partie de PME Centrale. Vous traitez directement avec eux, et les conditions de l’accord-cadre s’appliquent automatiquement. Si c’est la première fois que vous effectuez une opération, il suffit d’annoncer que vous êtes adhérent de PME Centrale pour que le fournisseur applique les conditions.En quoi consiste l’adhésion à l’entreprise ?
G. S. M. : C’est une cotisation annuelle dont le montant dépend de la taille de la structure et de son métier. Une entreprise de taille plus importante payera plus cher. Par ailleurs, comme nous avons démarré dans le Bâtiment, il y a aujourd’hui une forte coloration BTP parmi nos 200 fournisseurs référencés. Une entreprise du secteur payera donc plus cher qu’un expert-comptable, par exemple, qui utilisera moins d’accords-cadres dans notre panel. Il faut compter entre 500 et 10 000 euros pour l’adhésion.Quels sont les autres services que vous proposez ?
G. S. M. : Il y a 5 ans, nous avons créé PME Université, qui est une université d’entreprise pour les PME et les ETI. Le grand principe, c’est de travailler sur la montée en compétences des collaborateurs en leur offrant des parcours de formation. Cela répond à l’une des principales préoccupations des patrons Français, à savoir recruter et fidéliser les collaborateurs. Il s’agit finalement d’un autre moyen de mutualisation entre les PME, mais cette fois autour de la formation et non des achats.Nous avons également créé, il y a 2 ans, une autre entreprise, Symbiose, qui permet aux PME et ETI de vendre ensemble. Cela s’adresse à des entreprises qui agissent sur un territoire et qui ont besoin de répondre à des appels d’offres sur des territoires plus larges.
En parallèle, nous avons lancé, en novembre 2017, une application mobile appelée PME Match. Elle permet notamment aux conducteurs de travaux de géolocaliser autour d’eux les fournisseurs dont ils ont besoin pour mener leurs chantiers à bien.
Aujourd’hui, quelles sont vos perspectives de développement ?
G. S. M. : Nous souhaitons bien sûr continuer à développer PME Centrale en France, mais de manière maîtrisée. Nous voulons intégrer pleinement les personnes qui nous rejoignent pour que tout fonctionne au mieux, y compris pour nos fournisseurs. Parmi nos autres axes de développement, il y a le fait de continuer cette déclinaison autour de la mutualisation : former ensemble, vendre ensemble, etc. Il y a également un aspect international, après une première implantation à Stuttgart, en Allemagne, il y a 2 ans.La satisfaction client avant tout ! « Ce qui est fondamental chez PME Centrale, c’est que nos adhérents le restent », fait savoir Gaëtan de Sainte Marie. De nombreux avantages sont d’ailleurs soulignés par les clients de la centrale. À Anjou, l’entreprise Marsac, spécialisée dans les travaux de peinture, utilise notamment les services d’achats mutualisés relatifs à l’intérim et aux véhicules, qui lui permettent de réaliser « jusqu’à 5% d’économie par heure et par intérimaire ». Les prix négociés de PME Centrale lui offrent également une remise de 44% sur les véhicules utilitaires. Loin d’être de simples clients, les adhérents participent activement au modèle d’économie collaborative voulu par PME Centrale. Ils sont notamment consultés dans le choix des fournisseurs. « Les adhérents participent à la définition des accords-cadres », ajoute par ailleurs Frank Vampouille, président de TED SAS. Une stratégie visiblement gagnante pour PME Centrale, dont le chiffre d’affaires a bondi de plus de 28% en 2017, atteignant les 4,5 millions d’euros. |
Propos recueillis par Fabien Carré
Photo de Une : ©PME Centrale