Moratoire sur le photovoltaïque : vers un tarif de rachat européen ?
Olivier Galaud : Il n'est jamais sain pour une industrie de changer quatre fois de réglementation en un an. Avec l'arrivée de modules asiatiques compétitifs et l'effet d'aubaine qui s'est créé, ce sont certains projets qui ont été mis en orbite quant au temps de retour sur investissement, de part un déphasage au niveau du cadre tarifaire, qui était pourtant bon à un moment donné. Il est temps, nous pensons, de refondre la politique tarifaire mais la forme d'un moratoire n'est, selon nous, pas la meilleure. Il était pourtant indispensable dans son immédiateté, au regard des évolutions comme en Espagne, si l'on voulait éviter une « ruée vers ERDF », avec l'apport de capitaux extérieurs. Il fallait rassurer quant à la pérennité du système de rachat de l'électricité. Ce moratoire reste difficile pour certains acteurs, notamment ceux aux cycles courts...
Vous êtes vous-même indirectement impacté par ce moratoire...
En tant qu'ensembliers, nous bénéficions d'une latence entre les signatures de contrats et les installations à proprement parler. Nous allons donc pouvoir absorber sans grosses difficultés ces trois mois de moratoire. De plus, nous avons une très bonne visibilité sur notre carnet de commandes. Quant aux résultats du moratoire ? Nous pensons que le gouvernement bougera peu sur ses décisions par rapport aux préconisations du rapport Charpin. Le décret à venir va dans le sens d'une logique européenne, en se rapprochant d'autres modèles pour aller petit à petit, pourquoi pas, vers un tarif de rachat européen, une uniformisation sous forme de mix entre les modèles de nos voisins européens.
Vous faîtes principalement de l'intégration simplifiée de grandes surfaces...
Nous avons choisi depuis 2008 de nous positionner sur l'intégration simplifiée, c'est à dire celle où l'on place une étanchéité sous le module photovoltaïque, par exemple un bac acier. Notre système est présent dans plus d’un tiers des centrales photovoltaïques en toiture supérieures à 36kVa, et nous aurons livré en 2010 près de 210.000m² de systèmes à nos clients. Le marché des grandes surfaces veut de l’intégration simplifié : l'industriel, l'agriculteur, comme les services d’intervention au feu ne veulent plus de modules directement exposés à l'activité qui est sous l'installation. Quant aux opérateurs, développeurs et grands comptes, ces clients ne veulent plus rentrer sur le créneau de l'intégration au bâti en grandes surfaces car le temps de pause et les coûts associés sont plus important et qu'il y a des contraintes de mise en œuvre très forte (bâtiments, environnements, zones neige et vent, altitude...).
Propos recueillis par Laurent Perrin