Mobilité résidentielle des séniors : l'accès aux soins n’est pas un critère essentiel
C’est en tout cas ce que démontre la dernière étude de la Caisse des dépôts : chaque année, environ 5 % des personnes âgées de 55 à 64 ans déménagent hors des grandes agglomérations.
Cette mobilité résidentielle se poursuit bien après 65 ans, et s’accroît même dans le grand âge (85 ans et plus), en lien notamment avec la problématique de la perte d’autonomie.
La mobilité se fait davantage vers des communes moins denses
À chaque âge, un bon tiers des déménagements se font à l’intérieur de la même commune, note l'étude, basée sur les données démographiques de l'Insee.
Toutefois, lorsqu’il y a changement de commune, la mobilité se fait davantage vers des communes moins denses que l’inverse : 28 % des déménagements avec changement de commune se font vers une commune de densité comparable, 23 % vers une commune moins dense, et 14 % vers une commune plus dense que la commune d’origine.
Un résultat qui pourrait traduire le fait qu’« un certain nombre de séniors, au moment de la retraite, quittent les espaces urbanisés où ils exerçaient leur activité professionnelle pour s’établir dans des zones plus rurales », selon l’auteur de l’étude, Ronan Mahieu.
Ce phénomène se manifeste surtout en région parisienne, ainsi que dans les départements qui abritent les plus grandes métropoles, comme le Rhône, les Bouches-du-Rhône, le Nord, ou la Haute-Garonne.
Au contraire, ceux recevant le plus de séniors sont massivement situés « au sud-ouest d'une ligne Cherbourg-Chambéry », aussi bien dans des départements littoraux que des départements à l’intérieur des terres, note l'étude.
Le niveau de diplôme joue également dans les migrations de séniors. Ceux ayant au moins le bac sont plus nombreux à s'établir dans des communes rurales. D’après le rapport « il se peut que ces écarts entre catégories de diplôme aient partiellement à voir avec les différences de prix du foncier, les peu ou pas diplômés étant probablement moins souvent en mesure économiquement de s'établir dans des départements où l'immobilier est cher ».
L’accessibilité des soins n'est pas la principale motivation des mobilités résidentielles
Cette mobilité résidentielle décroît ensuite significativement pour s’établir à moins de 3 % pour les personnes âgées entre 70 et 79 ans. Le mouvement vers des communes moins denses s’interrompt également. « Peut-être un signe qui montre qu’à mesure qu’ils vieillissent les séniors privilégient davantage des logements à proximité des services dont ils ont fréquemment besoin », interprète Ronan Mahieu.
En effet, le souhait d’avoir plus facilement accès aux soins peut influer sur la décision de déménager, comme sur le choix de la commune de destination. Pourtant, l’étude note que, quel que soit la tranche d’âge, il n’y a pas de tendance particulière vers une accessibilité des soins de généralistes, d’infirmiers, ou encore de kinésithérapeutes.
« On n'a pas l'impression que cette question d'accessibilité soit importante dans la mobilité des personnes », commente l’auteur de l’étude.
En revanche, après 85 ans, l’orientation des flux migratoires change sensiblement : ils se dirigent davantage vers des départements ruraux ayant une capacité d’accueil en Ehpad très élevée, ou bien vers des départements situés en périphérie des grandes agglomérations, et où le coût du foncier est un peu moins élevé qu’au centre de l’agglomération.
Marie Gérald
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