Linky : la situation des ménages précaires inquiète l’UFC-Que Choisir
Dans un communiqué publié le 27 septembre 2018, l’association pointe « l’inaction de l’administration » quant au déploiement des afficheurs déportés prévu pour janvier 2019. Couplé à un compteur Linky, ce dispositif doit permettre à tous les consommateurs d’avoir une information (en euros) sur leur niveau de consommation électrique en temps réel dans leur lieu de vie. Jugé « coûteux », la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 l’a limité aux seuls ménages en précarité énergétique, soit 5,6 millions de personnes.
S’il devait être mis en place dès janvier 2018, l’échéance a été reportée d’un an. Aujourd’hui, l’UFC-Que Choisir estime que le dispositif « risque d’être de nouveau reporté, voire purement et simplement enterré en catimini » alors même qu’il a été reconnu « utile » par le médiateur national de l’énergie, la Cour des comptes, l’Agence et par le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy.
« En effet, l’arrêté indispensable pour couvrir les coûts des fournisseurs distribuant l’afficheur déporté n’a toujours pas été publié par le ministère, et à ce jour nous n’avons aucun calendrier », indique l’association.
Des interruptions d’électricité « hâtives et sans discernement »
Concernant les coupures, l’UFC-Que Choisir explique que le compteur Linky permet au distributeur d’électricité (Enedis) de limiter la puissance ou de couper l’électricité à distance. Pour éviter les dérives, la commission de régulation de l’énergie a fixé un cadre qui oblige Enedis, suite à une demande d’un fournisseur, à se déplacer sur site avant toute coupure pour impayés.« Malheureusement, Enedis n’a pas une obligation de résultat et n’est donc pas tenu de rencontrer le consommateur, ni même de laisser systématiquement un avis de passage en cas d'absence. Pire, alors qu’avec les anciens compteurs la réduction de puissance, qui limite fortement les usages, nécessitait le déplacement d’un agent d’Enedis, avec le Linky cette procédure se fait à distance sans information supplémentaire du gestionnaire ou du fournisseur », prévient l’association.
Alors qu’en 2016, le nombre de coupures s’est élevé à 475 000, ce chiffre pourrait fortement augmenter. « Il existe un risque réel d’augmentation sans que, dans bien des cas, les consommateurs soient correctement avertis et puissent, le cas échéant, régulariser la situation ».
L’UFC-Que Choisir demande ainsi au ministre de la transition écologique et solidaire de prendre les mesures nécessaires pour « assurer le financement des afficheurs déportés afin que les fournisseurs puissent les proposer aux consommateurs précaires ».
L’association appelle par ailleurs au renforcement du « contradictoire dans la procédure de coupure d’électricité ou de limitation de puissance, afin d’éviter des interruptions d’électricité hâtives et sans discernement ».
R.C
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