Les majors européens du BTP assez solides pour surmonter la crise ?
Jusqu'en mars 2020, avant la crise liée au Covid-19, tout allait parfaitement bien pour les majors européens du BTP. Ils finalisaient l'année 2019 avait une croissance de +4,5 % - +7,9 % pour les groupes français ! – et leur activité s'était encore davantage internationalisée.
Parmi les groupes français, la croissance s'est notamment accélérée pour Eiffage, avec +10,7 % par rapport à 2018. L'activité a notamment augmenté grâce aux projets du Grand Paris et aux transports en commun. Le groupe a par ailleurs acquis 49,9 % des parts de l'aéroport de Toulouse-Blagnac.
Du côté de Vinci, la croissance est de +10,4 % par rapport à 2018, portée par les branches concessions et énergie. Au sein des concessions, Vinci a notamment acquis 50,01 % des parts de l'aéroport de l'aéroport de Londres-Gatwick.
Plus largement, les carnets de commandes des majors européens du BTP enregistraient encore une hausse pour la quatrième année consécutive, et atteignaient même un record, avec une hausse de +3,5 % par rapport à fin 2018.
Leur solidité financière s'était fortement améliorée ces cinq dernières années, avec +40 % de trésorerie pour l'ensemble des groupes, atteignant 45 milliards d'euros.
Des différences d'endettement en fonction des acquisitions
Ces groupe peuvent également se féliciter d'une baisse de -38 % de leur endettement net en cinq ans, sauf pour ceux ayant une forte activité de concessions, comme l'italien Atlantia, Vinci, ou encore Eiffage. Ces trois derniers enregistrent respectivement un endettement net de 36,7 milliards, 21,7 milliards, et 10,2 milliards d'euros.
Evolution sur 5 ans de la trésorerie et de l'endettement net. Source : Mazars
Concernant les performances par secteurs, la croissance d'activité dans le BTP – qui représente 50 % de l'activité – est de +4,7 % en 2019. Mais d'autre secteurs moins importants enregistrent une croissance bien plus forte, comme les concessions/infrastructures (+11,6 %), l'immobilier (+11,6 %), ou la route (+9 %).
L'activité par secteurs. Source : Mazars
Quels sera l'impact de la crise ?
La crise liée au coronavirus et aux mesures de confinement ne semble pas avoir impacté le premier trimestre 2020, puisque les majors européens du BTP enregistraient même une croissance de +2,2 % par rapport au T1 2019.
Cependant cette étude se limite pour le moment au bilan 2019, et aux premiers chiffres du T1 2020, et il faudra bien sûr attendre les chiffres du deuxième trimestre 2020 pour mesurer l'ampleur de la crise sur ces grands groupes.
En France, le premier trimestre était toutefois déjà marqué par une baisse de -2,7 % par rapport au T1 2019, ce qui peut s'expliquer par un confinement strict instauré très rapidement. Dans le détail, cette baisse concerne notamment l'immobilier (-14,8 %), la route (-8,9 %), et le BTP (-6,3 %).
« Les majors européens, pour leur grande majorité, affichent une année 2019 satisfaisante en termes d'activité et présentent une santé financière certaine à travers une forte baisse de leur endettement net et un niveau de liquidité élevé (…) Le deuxième trimestre 2020 devrait néanmoins être plus impacté, mais devra être analysé au regard de mesures prises par les Etats pour soutenir les entreprises du secteur au travers de plans de relance dans le BTP ou la poursuite de grands travaux », note ainsi Olivier Thireau, Associé responsable Immobilier & BTP chez Mazars France.
C.L.
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