Le Géomètre-expert au cœur des enjeux d’aménagement sobre et durable
Le 11 mars dernier, l’UNGE a tenu ses Rencontres Nationales 2021, un événement qui s’est déroulé pour la première fois au format 100% digital, et qui a rencontré un franc succès. « Nous avons été très heureux puisqu’on a pu toucher beaucoup plus de monde. D’habitude, nous avons 200 géomètres-experts à nos événements, là ils étaient quasiment 500 », se félicite Régis Lambert, Président de l’UNGE qui précise également qu’une centaine de personnes extérieures a suivi la table-ronde organisée en deuxième partie de journée. Un atelier qui a réuni des spécialistes pour évoquer l’immobilier de demain.
En effet, « pendant les premiers mois de la crise, des experts nous annonçaient que rien ne serait plus comme avant, et d’autres disaient que rien ne changerait. Vu que les géomètres-experts sont un des maillons de la grande chaine de l’immobilier (que ce soit l’immobilier de logements, d’entreprises, l’aménagement de quartiers, l’urbanisme), nous avons voulu décortiquer tous ces sujets, et nous avons fait appel à des intervenants de milieux variés afin de confronter les points de vue ».
Quel bilan pour 2020 ?
Avant de nous révéler le bilan 2020, Régis Lambert a souligné que l’UNGE rassemblait « plus de 60% des entreprises » du secteur. « Ce qui est assez exceptionnel ». « Comme pour beaucoup de nos organisations, l’activité a été très chamboulée. Nous avons dû gérer le quotidien de nos adhérents avec une multitude de questions, beaucoup d’incertitudes, surtout lors du premier confinement. Après, nous avons pris un rythme de travail à flux tendu pour donner les bonnes consignes à nos adhérents, les informations sur les aides (…). Les entreprises qui adhèrent à une organisation patronale se rendent compte, dans ce genre de cas très difficile, à quel point c’est utile ».
Parmi les travaux menés l’an dernier, la promotion des métiers. Un projet « qui nous tient particulièrement à cœur ». « Nous faisons partie des métiers que l’on qualifie en tension, c’est-à-dire que le ratio d’offres non pourvues par rapport à la population de salariés de la profession est très élevé. Avant la crise, il était de 2 000 postes pour environ 12 000 salariés dans la branche ». Pourquoi cette tendance ? La profession a des difficultés à recruter non pas parce que le métier « n’est pas intéressant » mais parce qu’il est « peu connu », regrette-t-il. « Cette méconnaissance du métier, c’est quelque chose dont on souffre continuellement. Nous sommes perçus pour nos activités foncières pures et de topographie. Nous gravitons dans le secteur de la construction mais pas que. Nous avons un fort volet juridique », explique Régis Lambert.
De grandes actions de communication sont ainsi menées, en particulier auprès des collégiens et lycéens avec des formats « adaptés » à ces publics, comme par exemple des vidéos très ludiques, un travail de promotion soutenu par l’OPCO Atlas. L’Union communique également auprès des collectivités, des promoteurs immobiliers ou encore des particuliers pour les encourager à faire appel à un géomètre-expert très en amont. « Nous avons une grande culture générale de tous les aspects des projets immobiliers, et sommes très à même de les conseiller sur la faisabilité des projets lorsqu’il s’agit d’analyser les règles d’un PLU, d’appréhender des problématiques d’infrastructures, de réseaux, etc. ».
L’union fait la force
Pour mener ses combats, l’UNGE a fait le choix de renforcer ses liens avec les organisations professionnelles, telles que le Cinov, l’Unsfa, le Synamome ou encore la Capeb. « C’est notre noyau dur depuis un an maintenant. Nous nous voyons toutes les trois semaines pour avancer sur des projets communs ». Régis Lambert cite par exemple les travaux avec la fédération Syntec pour « défendre l’ingénierie. Cette année, nous nous sommes alarmés des prérogatives qu’avait l’Agence nationale de la cohésion des territoires d’être pourvoyeur d’ingénierie publique pour les collectivités. Cela constitue souvent une concurrence déloyale. Nous estimons que le maillage territorial de nos entreprises est largement abondant ». Les partenaires se sont ainsi rapprochés des préfectures de régions et de départements pour les inciter « à nous associer aux groupes de travail locaux sur la déclinaison des projets de l’ANCT ».
Des initiatives similaires sont menées sur le plan de relance « puisqu’on est quand même sur des problématiques complexes ». A titre d’exemple, la rénovation énergétique qui ne peut être abordée de la même manière selon qu’il s’agisse d’une copropriété ou d’une maison individuelle. « Ces projets communs avec l’interprofession ont vocation à engendrer des propositions dans le cadre des élections ». Au niveau régional tout d’abord. « Nous demandons qu’il y ait une prise de conscience des élus locaux des conséquences de leurs actes par rapport aux marchés publics. Il y a des seuils qui ont été relevés, pourtant, on se rend compte que des collectivités ne simplifient pas pour autant leurs procédures ». Au niveau national ensuite avec par exemple un projet pour « augmenter la garantie des acquéreurs de tous les terrains bâtis ou à bâtir » qu’ils soient en lotissement ou hors lotissement.
Améliorer le cadre de vie
Le géomètre-expert se veut « un partenaire privilégié » des collectivités pour penser et optimiser le cadre de vie. « Aujourd’hui, si l’on veut densifier les villes, ça passera par la vente de terrains plus petits, de projets plus audacieux en termes d’architecture. Et l’audace architecturale, ça veut dire aussi construire en limite, faire de l’habitat imbriqué pour essayer de concilier l’envie de nos concitoyens de retrouver soit de la maison individuelle soit des caractéristiques de la maison individuelle, avec cette nécessité de densifier la ville ».
Quelle est la position de l’UNGE par rapport à l’objectif de « Zéro artificialisation nette » ? L’organisation demande à ce que son application soit « plus nuancée » et que chaque territoire puisse adapter les directives à sa réalité. Il ne peut y avoir une seule et même règle pour toute la France. « L’aménagement ne va pas être le même pour les couronnes parisiennes que pour les départements en perte de population qui, finalement, ont consommé peu de foncier, et ont besoin d’en consommer pour capter des urbains qui veulent s’implanter totalement ou partiellement dans des zones un peu plus vertes ».
Attention aussi aux abus. La directive ZAN « a été prise de manière très radicale par certains préfets » qui ont été jusqu’à bloquer des projets « en gestation depuis longtemps », note Régis Lambert, regrettant par ailleurs que le pavillonnaire soit « pointé en premier du doigt ». « Certes le pavillonnaire a consommé de l’espace mais cet espace est toujours utilisé aujourd’hui », contrairement aux zones commerciales où il y a eu « beaucoup de dérapages » et qui, « en termes paysagers, ont aussi eu des impacts plus forts. Le premier vrai frein à mettre, il est là-dessus ».
L’organisation préfère ainsi parler de « sobriété énergétique ». « C’est un terme qui nous convient beaucoup mieux, qui est beaucoup plus dans la philosophie défendue par les urbanistes depuis une vingtaine d’années et qui a été cristallisé une première fois par la loi SRU ».
En 2022, l’UNGE devrait présenter son plan stratégique « Trajectoire 2026 », une feuille de route que le syndicat compte affiner cette année. Il fera suite au projet « UNGE 2020 » qui avait permis à l’organisation professionnelle « de poser le cadre de son expertise et son accompagnement auprès des adhérents ».
Les chiffres clés de l’UNGE :
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Propos recueillis par Rose Colombel
Photo de une : ©UNGE - Régis Lambert
Photos : ©UNGE