Lafarge-Holcim : quelle stratégie de développement pour le nouveau géant du ciment ?
Quand le leader mondial de la fabrication et de la distribution de ciment et de granulats suisse rencontre le leader mondial des matériaux de construction français, l'équation donne naissance au projet de nouveau groupe Lafarge-Holcim.
Le 4 avril dernier, les deux groupes Lafarge et Holcim avaient entamé des discussions sur une fusion d'égaux, c'est-à-dire la création d'un groupe au sein duquel les actionnaires actuels de Lafarge et de Holcim obtiendraient des parts à peu près identiques, basée sur les forces et l'identité des deux groupes.
Etant donné que leurs portefeuilles sont très complémentaires et que les cultures d'entreprises sont proches, les conseils d'administration du suisse Holcim et du français Lafarge avaient approuvé ce rapprochement, tout comme les actionnaires dont le groupe Bruxelles Lambert (GBL), holding du milliardaire belge Albert Frère. Les deux concurrents sont finalement parvenus à un accord et ont annoncé leur fusion ce lundi 7 avril lors d'une conférence de presse à Paris.
« Je suis fier d'ouvrir aujourd'hui ce nouveau chapitre de la longue histoire industrielle de Lafarge, fruit de l'engagement de toutes nos équipes. En mariant nos expériences avec celles de Holcim, nos zones de force respectives et nos compétences en matière d'innovation, nous allons créer un acteur à l'avant garde des matériaux de la construction, au bénéfice de nos clients, de nos salariés et de nos actionnaires », a déclaré Bruno Lafont, président directeur général de Lafarge.
Le chiffre d’affaires combiné des deux groupes s’élèverait alors à 32 milliards d'euros pour un Ebitda de 6,5 milliards d'euros. Selon l'AFP, les cessions que les cimentiers Lafarge et Holcim s'apprêtent à effectuer pour obtenir le feu vert des autorités à leur fusion vont représenter 5 milliards d'euros de leurs chiffres d'affaires combinés, a indiqué lundi le président d'Holcim, Rolf Soiron.
Devenir le poids lourd mondial du ciment
L'ambition des deux groupes est claire : devenir le poids lourd mondial du ciment. Cette fusion permettrait notamment d'optimiser les réseaux de production et de distribution. Les sites de production seraient alors répartis dans 90 pays sur tous les continents avec le portefeuille d'actifs le plus équilibré et diversifié du secteur.
Elle permettrait également d'assoir la position des deux groupes dans le monde, en ouvrant ses perspectives dans les pays développés et dans les économies à forte croissance. « Sa position de leader permettra à LafargeHolcim de tirer parti de la croissance mondiale, à la fois dans les pays développés et dans les pays émergents en fournissant les matériaux qui permettront à l'industrie de la construction de relever les défis de l'avenir, » explique Rolf Soiron, actuel Chairman d'Holcim, même si « Aucun pays ne représenterait plus de 10% environ des ventes du nouvel ensemble », assure les deux groupes.
Parmi les défis du nouveau groupe : construire des logements à prix abordables, apporter des solutions à l'étalement urbain, développer les réseaux de transport. Le but est également de renforcer la politique de recherche et développement, en s'appuyant sur le savoir-faire de l'autre pour proposer davantage de produits innovants aux clients.
Offre publique d'échange
Cette proposition de fusion serait structurée comme une offre publique d'échange initiée par Holcim sur l'ensemble des actions de Lafarge, sur la base d’une parité d’une pour une, avec un accord d’égalisation du dividende par action entre l’annonce et la réalisation de la transaction. Tout actionnaire de Lafarge apportant ses actions à l’offre d’échange recevrait un nombre équivalent d’actions nouvelles de Holcim. L’offre sera conditionnée à l’obtention par Holcim d’au moins 2/3 des actions et des droits de vote de Lafarge sur une base totalement diluée. LafargeHolcim serait coté sur le SIX à Zurich et sur Euronext Paris et continuerait d’être domicilié en Suisse. Il serait régi par les règles locales de gouvernance.
L’offre d’échange serait notifiée à l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et soumise à son visa, après l’obtention des approbations réglementaires. Elle n’est cependant pas ouverte au public aux Etats-Unis d’Amérique, ni dans un quelconque pays autre que la France ou tout autre pays dans lequel l’ouverture de l’offre au public serait autorisée.
La finalisation de l’opération devrait intervenir au cours du premier semestre 2015 sous réserve de l’obtention des autorisations réglementaires requises. Le gouvernement français a déjà fait savoir qu'il ferait preuve « d'une grande vigilance » sur la fusion du cimentier français Lafarge avec le suisse Holcim, en particulier concernant la préservation des emplois en France, a déclaré lundi à l'AFP, le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg à Berlin.
La nouvelle équipe Lafarge-HolcimLe conseil d'administration : nombre égal d'administrateurs entre Lafarge et Holcim |
Claire Thibault
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