La réforme du CITE « manque de cohérence »
Si la réforme du CITE présente des aspects positifs, le secteur du bâtiment pointe les incohérences entre la future prime et les objectifs fixés par le Gouvernement en matière environnementale et économique.
La Capeb par exemple reconnaît l’effet « déclencheur » d’une prime par rapport à un crédit d’impôt, mais elle craint que la complexité du dispositif ne le rende inefficace. Dans un communiqué, le syndicat professionnel revient également sur l’exclusion des ménages les plus aisés. Si le transfert des aides vers les ménages les plus modestes « est moralement louable », il est également « contre-productif ».
La confédération précise qu’en 2019, 20% des bénéficiaires les plus aisés du CITE ont consommé 50% des travaux. Pour atteindre l’objectif des 500 000 rénovations par an et ainsi réduire l’empreinte carbone laissée par le secteur, il est nécessaire de massifier les travaux. « Or, il sera impossible aux ménages modestes et très modestes, dont une proportion très faible est propriétaire, de rattraper le gap créé ».
Un reste à charge trop élevé
Dans un communiqué, l’Association française des industries des produits de construction (AIMCC) estime que le signal envoyé par les pouvoirs publics « est globalement négatif pour la majorité de la population française (…). Le reste à charge pour les ménages devient désormais trop important pour de nombreux actes de rénovation qui, en conséquence, seront rendus impossibles ».
L’association cite notamment la division par deux des aides pour les pompes à chaleur (PAC) air/eau, la forte baisse des aides dédiées à l’isolation des parois opaques ou encore la nouvelle baisse de l’aide pour les parois vitrées pour les ménages modestes.
L’AIMCC regrette par ailleurs que les ménages intermédiaires ne pourront plus prétendre au CITE pour les chaudières à gaz à très haut rendement, l’isolation des combles et l’isolation des planchers bas. Et pointe la suppression totale du CITE dédié à la rénovation globale.
Les arguments avancés par l’association rejoignent ceux de la Capeb qui souligne : « Les ménages modestes qui pouvaient réaliser en 2019 des opérations à zéro euro en cumulant tous les dispositifs, vont devoir débourser en 2020, à leurs frais, des montants très importants, équivalent à 25% des travaux réalisés. »
L’exemple de la PAC air-eau :
Patrick Liébus, président de la Capeb, déclare : « La complexité du nouveau dispositif le rend extrêmement difficile à expliquer tant par les artisans qui conseillent à leurs clients que pour les particuliers qui envisagent des travaux ».
« Le résultat de ces dispositions sera regrettable : les répercussions sur le marché de la rénovation seront très sévères, les passoires thermiques ne seront pas éradiquées, les ménages modestes continueront à utiliser leurs chèques-énergie, et le bilan carbone stagnera pour longtemps. On peut se demander où est le bénéfice de cette réforme, si ce n’est pour les caisses de l’Etat ! », s’exclame-t-il.
R.C
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