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Fraudes, budget, immigration… La CAPEB enchaîne les avis

Publié le 29 janvier 2025

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Alors que les tensions politiques se maintiennent et que le budget demeure en suspens en France, la CAPEB continue de s’inquiéter. S’inquiéter de l’impact de cet attentisme sur une crise du bâtiment hélas bien installée, tandis que des mesures concernant l’immigration peuvent contrecarrer les perspectives de recrutement dans le secteur. Heureusement, côté rénovation énergétique, le président de la confédération salue une « avancée majeure contre la fraude aux aides ».
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La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) enchaîne les prises de parole en cette fin janvier. 

L’artisanat du bâtiment confirme une baisse d’activité de -4 % en 2024. Pendant ce temps, les menaces d’une censure contre le gouvernement Bayrou flottent dans l’air. L’inaction des pouvoirs publics, avec un budget 2025 en suspens, elle, demeure. De son côté, Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB, ne cache pas sa colère. 

« Ce n’est pas faute de l’avoir dit depuis près d’un an et demi et de demander des actions de simplification, des actions d’accès au marché et de cibler bien le potentiel de la rénovation énergétique qui permet de passer la crise du logement », a-t-il confié au micro de Radio Classique, le 29 janvier. En précisant que les petites entreprises et artisans - qui constituent la majorité du tissu économique du bâtiment - ont  accepter de « jouer le jeu », « relever le défi ». « C’est vrai qu’à force de non-écoute du gouvernement, il y a une radicalité qui monte dans les territoires, en disant que "La TPE, l’artisanat est toujours la dernière roue du carrosse" », constate le président de la CAPEB. 

« Il est vraiment urgent que l’ensemble des politiques arrêtent de se censurer et de ne pas faire passer un budget. On voit bien que l’attentisme et la problématique du logement font que l’investissement ne va pas dans la rénovation énergétique ou dans la rénovation tout court, elle va dans l’épargne. Il faut que les Français aient une direction claire et on attend que le gouvernement soit responsable et qu’il prenne les décisions », défend-il toutefois. Et de réclamer, encore une fois et non sans une pointe lassitude dans la voix, des signes forts.

Rénovation énergétique : une « avancée majeure contre la fraude aux aides »

 

La confédération a toutefois relevé une « avancée majeure contre la fraude aux aides à la rénovation et à l’adaptation des logements », le 28 janvier. La veille, des débats concernant la proposition de loi contre les fraudes aux aides publiques ont débouché sur l’introduction de deux mesures saluées par la CAPEB. 

La première interdit la sous-traitance en cascade au-delà de deux rangs pour MaPrimeRénov’ comme MaPrimeAdapt’

La seconde défend une entreprise non qualifiée Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) de sous-traiter des travaux aidés de rénovation énergétique dans le cadre de MaPrimeRénov’. Ce qui implique le rejet d’un amendement visant à supprimer cette disposition, contre laquelle la CAPEB et son réseau étaient vent debout. 

« Ces décisions représentent un pas essentiel dans la lutte contre la fraude, qui a considérablement contribué à affecter les budgets dédiés à la rénovation, ainsi que la confiance des ménages et des professionnels envers ces dispositifs d’accompagnement. Elles marquent également une avancée majeure en faveur de la massification des travaux de rénovation énergétique, indispensable pour relever les défis de la transition environnementale », commente M. Repon.

Le président de la CAPEB ajoute que les dispositions législatives « apportent une première réponse concrète aux difficultés des entreprises artisanales du bâtiment, qui subissent une baisse d’activité de 6 % au quatrième trimestre 2024. La CAPEB se félicite d’avoir enfin été entendue, un an après que ces mesures aient bénéficié d’arbitrages favorables des ministres Christophe Béchu et Guillaume Kasbarian. Il était temps. Le combat continue ». 

Le rabotage de MaPrimeRénov’, un « très mauvais calcul » 

 

Un cheval de bataille important pour la CAPEB : encore et toujours la rénovation énergétique, dont les professionnels craignent l’absence du budget et le projet de diviser par deux les financements MaPrimeRénov’. 

« Je l’entends mathématiquement, c’est un très mauvais calcul d’investissement », estime Jean-Christophe Repon. Il insiste également sur le fait que maintenir le budget MaPrimeRénov’, autour des 4 milliards d’euros de l’année dernière, permettra une «levée de fonds, qui peut aller jusqu’à 27 milliards d’euros de chiffre d’activité. « 27 milliards d’euros de chiffre d’activité, c’est de la fiscalité pour le redressement des comptes publics, ce sont des emplois, c’est de l’apprentissage ». 

Sans compter la complexité des mesures administratives - dont le label RGE - assez dissuasive pour les entreprises. Pour preuve, le nombre de labellisés RGE n’a pas bougé entre 2021 at aujourd’hui, rapporte M. Repon auprès de Radio Classique. 

Le bâtiment aura « du mal à fonctionner » sans main d'oeuvre étrangère

 

Le passage de Jean-Christophe Repon au micro de Radio Classique a été l’occasion d’aborder la question du recrutement, face aux dernières mesures du gouvernement Bayrou sur l’immigration. À travers sa nouvelle circulaire, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau veut durcir les admissions exceptionnelles au séjour (AES). La circulaire remplace ainsi celle de Manuel Valls, qui donnait plus de souplesse aux préfets, tout en dénouant certaines situations par dérogation aux règles classiques des régularisations.

Le président de la CAPEB affirme de son côté que le bâtiment « aura du mal à fonctionner » sans main d'oeuvre étrangère.

« On a toujours eu besoin de recrutement et j'espère qu'on en aura besoin puisque les études sur la rénovation énergétique demandent la création de 200 000 à 300 000 emplois d'ici cinq à dix ans », développe M. Repon. « Et donc, inévitablement, nous aurons besoin de main d'oeuvre étrangère. Arrêtons de nous animer sur des problématiques d'immigration. Le secteur du bâtiment a toujours intégré des flux migratoires, a toujours assimilé des flux migratoires », abonde-t-il.

D’autant que les régularisations exceptionnelles par le travail vont se recentrer sur les métiers en tension, avec une liste dévoilée fin février. En attendant, le bâtiment se confronte à « une pyramide des âges qui n'est pas très favorable », et « a besoin d'attractivité dans nos métiers », s’inquiète Jean-Christophe Repon.

Le président de la CAPEB ne manque d’ailleurs pas de promouvoir l’intérêt de travailler dans le bâtiment, en particulier pour les jeunes. « La génération Z peut tout à fait correspondre aux défis de la création d’entreprises dans le secteur de la construction. Quand vous êtes entrepreneur d’une petite structure artisanale dans l’ensemble du territoire, vous vivez à proximité des territoires, vous vivez à proximité de votre lieu de vie, vous avez une capacité de fournir une économie de l’emploi », expose-t-il.
  
Virginie Kroun
Photo de une : ©capeb_fr

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