La ligne ferroviaire Lyon-Turin fait (encore) débat en Italie
C’est désormais chose faite ! Le gouvernement italien a en effet dépêché une équipe d’experts chargée d’étudier le projet. Bien que le verdict final, remis mercredi 9 janvier, n’ait pas été communiqué, la presse nationale est malgré tout parvenue à se procurer certaines informations auprès de sources proches du Mouvement 5 étoiles.
Un rapport négatif qui divise la sphère politique
L’avis de la commission, présidée par Marco Ponti, serait ainsi négatif. La Stampa, qui figure parmi les quotidiens italiens les plus suivis, indique notamment que le seuil de profitabilité de la ligne Lyon-Turin n’atteindrait pas les 3,5%, d’après les experts. Par là même, l’infrastructure est jugée « non stratégique » par le M5S.Rappelant que le rapport n’est qu’une « ébauche préliminaire des analyses », le ministère des Transports italien a fait savoir que « l’analyse de caractère technico-économique et l’analyse juridique seront dûment partagées avec la France, la Commission européenne et au sein du gouvernement, avant leur publication ».
Dans ce contexte, l’avenir de la ligne ferroviaire reste très incertain. Giuseppe Conte, président du Conseil des ministres, avait néanmoins assuré que le gouvernement « ferait son possible pour communiquer sa décision (sur ce dossier) avant les élections européennes », qui doivent se tenir en mai.
Protestations de la Ligue du Nord et des Turinois
Secrétaire fédéral de la Ligue du Nord, Mattéo Salvini a de son côté réaffirmé son soutien au projet, considérant qu’il permettrait aux petites entreprises du nord du pays de se développer. « Si l’infrastructure est déjà à moitié (construite), il est plus utile de la finir », a-t-il déclaré.Un avis qui semble résonner auprès de la population : plus de 30 000 manifestants (selon les organisateurs du mouvement) se sont en effet rassemblés sur une place de Turin afin d’encourager la poursuite du chantier. Le 10 novembre déjà, ils étaient entre 30 000 et 40 000 à se réunir dans la capitale du Piémont pour défendre la ligne ferroviaire.
« J’espère qu’on va arriver à une décision de bon sens et réaliser l’œuvre », a témoigné Riccardo Molinari, chef de la Ligue à la Chambre des députés, sur la chaîne de télévision Sky tg24. « Si le gouvernement décidait de ne pas réaliser l’œuvre, il serait nécessaire d’organiser un référendum et laisser décider les habitants de la région Piémont ».
En France, le projet avait malheureusement souffert d’une mise à l’arrêt imposée par la ministre des Transports Elisabeth Borne pour des raisons budgétaires fin 2017. Ce lundi 14 janvier, une nouvelle étape a malgré tout été franchie, avec le démarrage des travaux de la future gare multimodale de Saint-Jean-de-Maurienne, qui sera par ailleurs le point d’entrée du tunnel qui fait tant polémique.
F.C (avec AFP)
Photo de Une : ©Fotolia