La FNTP prévoit un ralentissement pour les travaux publics en 2019
Avant d’évoquer le bilan 2018 et la conjoncture 2019, M. Cavagné est revenu sur les gilets jaunes et le contexte de crise : « Pour nos entreprises, la révolte s’est faite face au projet de suppression du GNR, suscitant incompréhension et très vives réactions des chefs d’entreprises ».
« A l’heure où chacun cherche des solutions à la sortie de crise, nous avons deux convictions : d’une part, nous payons dix ans de sous-investissement dans les infrastructures ; d’autre part, il serait contre- productif que les infrastructures soient les victimes collatérales de l’impécuniosité de l’Etat alors qu’elles sont une partie de la solution », a-t-il estimé.
La FNTP encore « optimiste » pour 2019 mais plus inquiète pour 2020
Selon les chiffres de la FNTP, dont les adhérents représentent environ 260 000 salariés, le secteur a vu le montant global de son activité gagner 10,5% l'an dernier et celui-ci devrait encore avancer de 5,5% en 2019. L’organisme explique cette hausse par la progression des investissements dans les collectivités locales, qui devraient encore se poursuivre cette année.Parmi les autres facteurs de croissance : le projet du Grand Paris, qui prévoit quatre milliards d’investissements par an autour de la capitale, et qui devrait, dès 2019, contribuer à la moitié de la hausse d’activité du secteur, selon les estimations de la FNTP.
Du côté de l’Etat, le budget de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) devrait atteindre 2,7 milliards d’euros en 2019 selon le projet de loi d’orientation des mobilités (+300 M€ par rapport à 2018). « Toutefois, la visibilité attendue avec cette loi n’est toujours pas au rendez-vous en raison de ses multiples reports », regrette la FNTP.
« Malgré toutes ces incertitudes, nous retenons une hypothèse de budget de l’AFITF volontariste pour 2019 avec une progression des crédits infrastructures (hors achat de matériel roulant) de +7% ».
Dans ce contexte de croissance, les entreprises de travaux publics devraient recruter 40 000 personnes en 2019, ce qui correspondrait à 10 000 créations nette d’emploi. « Dans un scénario d’activité favorable, nos entreprises de travaux publics auront besoin de recruter 200 000 collaborateurs dans les 5 prochaines années » a annoncé la FNTP. Face aux difficultés de recrutement, la profession s’est également engagée à augmenter de 50% le nombre de jeunes en apprentissage d’ici 5 ans. .
La fédération a donc confié rester encore « optimiste » pour la conjoncture 2019, mais elle a en revanche exprimé des doutes concernant 2020 et les années à venir.
Les TP dépendants des orientations de l'Etat
L’ombre noire au tableau ? La hausse des coûts de production : « On a des hausses de coûts de production, que ce soit l’énergie, que ce soit sur les matériaux ou que ce soit sur la masse salariale », a souligné M. Cavagné. « Naturellement, cela influe sur notre activité », regrette-t-il.La FNTP s’inquiète également des orientations budgétaires de l’Etat, qui pourraient pénaliser les collectivités locales « La réforme de la fiscalité locale, qui modifiera les ressources des collectivités, ainsi que leur comportement face à la trajectoire prévue pour elles par l’Etat, en termes d’excédents et de désendettement, soulèvent beaucoup d’incertitudes. Selon nos premières anticipations, l’investissement local pourrait se stabiliser en 2020 avant une baisse (dont nous ne pouvons encore évaluer l’ampleur) en 2021 », détaille la fédération.
Elle craint aussi la diminution de la taxe d’habitation, qui risquerait de faire perdre de la marge de manœuvre aux collectivités locales en matière d’investissements. Des craintes légitimes alors que la fédération réalise plus de 40% de son activité auprès des collectivités.
Pour aider l’investissement local, la fédération propose de soutenir les plans d’investissement dans les infrastructures, de faciliter l’accès au cofinancement en matière de mobilité, et de repenser le système des contrats de plan Etats-Régions.
C.L.
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