Des produits aux usines, le verdissement chez Kingspan continue
C’est au Murtagh’s, pub de Kingscourt, en Irlande, que Kingspan naît, en 1965. Son fondateur, Eugene Murtagh, a d’abord débuté dans la fabrication de remorques agricoles.
L'entreprise démarre d’abord dans la fabrication des remorques agricoles, sous le nom de Sec-Form. Il faut attendre une dizaine d’années avant que la petite entreprise d’ingénierie et de sous-traitance se spécialise dans la construction, et que ce royaume en devenir décide de siéger dans un plus vaste local de la ville.
« On a commencé par fabriquer des panneaux d’isolation et des solutions de façades », nous explique Siobhan O'Dwyer, directrice marketing du groupe Kingspan, à l'occasion d’une visite du site et de son nouveau centre de R&D Ikon.
Encore aujourd’hui, la partie isolation occupe une majeure partie de l’activité du groupe Kingspan, dont 65 % du chiffre d’affaires 2021 en panneaux isolants, et 18 % en isolation.
Le reste se partage entre d’autres activités : eau et énergie, lumière et ventilation naturelle, données et planchers, mais aussi toitures et étanchéité, en cours de développement.
La formation de ces six divisions au cours des décennies s’est faite au gré d’acquisitions à travers le monde, avec très récemment des négociations pour le rachat du groupe français Ondura, spécialisé dans l’étanchéité.
L’éclairage, la ventilation et le désenfumage naturels, des axes de déploiement pour Kingspan en France
Et ce n’est pas la première incursion de Kingspan en France, entre l’acquisition en 2019 de Bacacier, fabricant de solutions de façades métalliques, et avant cela, en 2016, celle d’Ecodis, spécialiste en ventilation et lumières naturelles.
Maintenant devenue Kingspan Light + Air, cette division prend de l’ampleur. L’ensemble de ses collaborateurs sont impliqués dans toute la chaine de valeur des solutions : conception, installation, voire maintenance.
« On a une toute petite part de l’activité sous-traitée : un peu moins de 10 % sur l’année, sur un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros (…) 90 % des travaux ont été réalisés au travers de nos équipes de 250 techniciens poseurs. On réalise aussi l’entretien des systèmes de désenfumage naturel : plus de 20 000 visites maintenance par an sont effectuées sur tout le territoire français », énumère Frédéric Jullien, directeur de Kingspan Light + Air France.
À cela s’ajoutent des projets de fourniture et d’installation, dans plus de 10 000 chantiers par an. Les usines de Saint-Priest (69), de Sons-et-Ronchères (02) et Ouges (21), produisent environ 80 000 solutions de désenfumage, d’éclairage et de ventilation naturelle.
À savoir que Kingspan Light + Air France a récemment absorbé deux nouvelles entités en avril 2021 : Skydome, spécialiste du lanterneau, et son entité de service (installation, maintenance) Essemes, basées à Sons-et-Ronchères. Ces trois entités unies permettraient d’engranger 120 millions d’euros CA en 2022, selon les estimations de Kingspan Light + Air.
Uniquad 120, dernière innovation de Kingspan Light + Air
Sans compter le rachat de l’entité Colt en 2020, spécialisée dans les brises-soleil, étendant les activités de Kingspan en éclairage naturel, mais aussi en refroidissement adiabatique.
Peut-on donc s’attendre à ce que Kingspan Light + Air déploie son expertise dans cette solution thermique de plus en plus encouragée ? « On réalise malheureusement pas suffisamment de chantiers, je dirais trois ou quatre systèmes de rafraîchissement adiabatique. Mais il y a une vraie prise conscience, et les clients industriels sont de plus en plus intéressés », nous répond Frédéric Jullien. D’autant qu’avec la crise énergétique actuelle, les bâtiments non-résidentiels tendent à se prémunir contre les flambées des prix.
Mais pour l’heure, Kingspan Light + Air concentre son innovation sur la solution Uniquad 120. Il s’agit d’un assemblage de deux panneaux en polycarbonate (PCA), liés par des profilés aluminium, séparés d’une épaisseur de 120 mm.
La façade-rideau translucide permet un « apport en luminosité, tout en gardant la réduction solaire, avec le contrôle des pigments », décrit Niall O’Neill, responsable Commercial de Kingspan Light + Air. Mais surtout, son niveau de déperdition thermique est de 0,88 Uw. Le système peut donc servir de fenêtre double-vitrage et accueillir dans son épaisseur des traitements acoustiques et thermiques supplémentaires. La solution est adaptée pour les bâtiments tertiaires et industriels. D'ailleurs, la solution a été appliquée dans la construction du nouveau centre d'excellence de lumière naturelle de Kingspan à Kingscourt.
Objectif zéro carbone dans les polycarbonate des produits KingspanPour surveiller l’empreinte carbone de ses composants, Kingspan agit notamment sur son approvisionnement en PCA, sur toutes ses divisions. Le groupe entend déployer trois procédés de récupération de déchets PCA :
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-15 % d’intensité énergétique et -30 % d’émissions carbone entre 2020 et 2021
Les activités de Kingspan tendent à rejoindre sa démarche Planet Passionnate, lancée en 2019, dans le but de verdir les process industriels sur l’ensemble de ses divisions. Pour rappel, son objectif est de réduire de 50 % les émissions de CO2 entre 2020 et 2030.
Selon le dernier rapport Planet Passionate, le groupe a déjà pu atteindre -30 % de son intensité carbone entre 2020 et 2021. Cela est passé notamment par une réduction de 13 % des déchets, avec 843 millions de bouteilles en polytéréphtalate d'éthylène (PET) recyclées à l’échelle industrielle. Le volet énergétique est important pour le fabricant, avec comme perspective d’arriver à 60 % de renouvelables sur l’énergie consommée, répartie entre 35 % d’électricité et 65 % de combustibles.
Cela s’est traduit entre 2020 et 2021 par une baisse de 15 % de l’intensité énergétique, expliquée par le passage de 19,5 % à 26,1 % de consommation en énergies renouvelables. Le recours au photovoltaïque a particulièrement progressé, le nombre d’installation sur les infrastructures ayant progressé de 21,7 % à 28,4 %.
Autre axe développé : une taxe interne pour les sites de Kingspan n’atteignant pas leurs objectifs carbone. À partir du 1er janvier 2023, toute entité dépassant les limites de ses émissions fixées par le siège, devront payer 70 dollars par tonne de CO2 émise.
À l’échelle des entités françaises, on compte certains projets, comme l’implantation de collecteurs d’eau de pluie Kingspan Water & Energy sur le site de Kingspan Light + Air à Saint-Priest, ou bien un système de tri des déchets sur toutes les lignes de production des cinq sites de production Bacacier, depuis l’été 2022. Sur le territoire, 40 % de la flotte automobile sera électrique d’ici fin 2022, et vise les 100 % d'ici 2025.
Virginie Kroun
Photo de Une : V.K