Le brise-soleil, une solution passive pour améliorer le confort d'été
Quand on parle de confort d’été dans le bâtiment, c’est l'une solution qui revient souvent : le brise-soleil. Difficile de décrire ce dernier, tant il existe sous plusieurs formes.
« Brise-soleil, c’est un terme générique, un peu fourre-tout», admet Francois Laurent, responsable des ventes France sur la partie façades chez Duco, qui fournit en grande partie (environ 80 %) des solutions à lames fixes. L’intéressé parvient toutefois à résumer la fonction générale du brise-soleil, c’est-à-dire « tout ce qui empêche que le soleil ne vienne taper directement sur les vitrages ».
Une solution boostée par la RE2020 ?
Il s’agit d’une solution de plus en plus plébiscitée, notamment dans la construction neuve, à travers la dernière Réglementation Environnementale 2020 (RE2020).
« Ce qui a évolué entre la RT2012 et la RE2020, c’est justement qu'on prend davantage en compte le confort d'été. Les anciennes réglementations thermiques se concentraient uniquement sur la partie thermique du bâtiment », nous rappelle Jérôme Henriot, chef des ventes bâtiment & prescription chez Schenken Stores. La marque propose essentiellement des brise-soleil orientables sous toutes les formes existantes (métal, lame en Z, courbé, vénitien extérieur, etc.).
«La climatisation va être de plus en plus pénalisée. Il va y avoir des paliers tous les trois ans qui vont être modifiés au niveau des émissions carbone des bâtiments », complète Francois Laurent. Et d’ajouter : « La réglementation ne va pas forcément imposer plus de brise-soleil, mais elle va imposer des seuils d'émissions carbone de plus en plus bas. Donc, indirectement, on va vers des solutions de plus en plus passives ».
Le brise-soleil fait justement partie de ces solutions passives, « à faible consommation, voire zéro consommation énergétique ». « Il permet d’avoir un vrai gain sur l'apport d'énergie dans les bâtiments, donc l'apport de chaleur dans les bâtiments », nous décrit Sarah Bellon, responsable de marché des protections solaires pour Kingspan Light + Air, qui propose des brise-soleil à lames fixes, voire mobiles. « Aujourd'hui, c'est vraiment ce qui est recherché dans les nouvelles conceptions. C’est totalement en accord avec toutes les nouvelles réglementations et ce que souhaitent les gens tout simplement », complète-t-elle.
BSO et lames fixes, quelles différences ?
On peut distinguer deux grandes familles de brise-soleil. « Vous avez les brise-soleil fixes, qui sont un peu en ailes d'avion, des casquettes que l'on voit fixées sur les façades et des bâtiments. Ils peuvent être mobiles et changer d'orientation, mais c'est assez rare », nous expose Vladimir Lubzhbin-Asseev, responsable technique d’Actibaie, groupement de la FFB spécialisé dans les portes, portails, volets et stores. Actibaie se concentre sur les brise-soleil orientables (BSO). « On les appelle aussi les stores vénitiens extérieurs. Ils sont installés à l'extérieur du bâtiment, un peu comme des volets roulants », compare-t-il.
Certes, les deux catégories proposent une protection solaire et empêchent une surchauffe du bâtiment. Mais leurs avantages et inconvénients divergent. Le BSO conserve « une vue vers l'extérieur et l'humidité à l'intérieur du bâtiment, d'une part. Et d'autre part, il permet de faire une ventilation naturelle », nous explique Jérôme Henriot. Le contraire des lames fixes. « Ce n'est pas un mauvais produit, mais il n'a pas la fonctionnalité supplémentaire de pouvoir s'adapter à toutes les utilisations du bâtiment », dont le confort visuel et la ventilation, poursuit le chef des ventes bâtiment & prescription chez Schenken Stores. Le fabricant intègre en parallèle beaucoup d’automatisation et motorisation, en vertu des décrets tertiaire et BACS.
Cela n’empêche toutefois pas l'innovation au sein du marché des brise-soleil à lames fixes. « Ils peuvent être en aluminium, ils peuvent être en matériaux biosourcés, cela se développe de plus en plus », nous mentionne M. Lubzhbin-Asseev. Voire même en verre, comme on peut observer sur le modèle Shado Glass de Kingspan Light + Air, intégrant des lames vitrées motorisées. La marque veut aller plus loin en intégrant des panneaux solaires sur ses brise-soleil, dans l’idée de « ne pas perdre cette énergie, mais de la transformer », nous confie Sarah Bellon.
« On essaie d'avoir des systèmes innovants, ce qui permet, que ce soit avec des lames vitrées, comme avec des éléments coulissants ou adaptatifs, de réaliser des équipements beaucoup plus esthétiques, qui nous permettent d'allier le confort d'habitation et la réduction des apports de chaleur avec l'esthétique du bâtiment», développe la responsable des protections solaires pour Kingspan Light + Air.
Où déployer les brise-soleil en France ?
Si nos experts devaient désigner une partie de la France particulièrement propice à l’installation de brise-soleil, ce serait le sud de la France. C’est le cas par exemple de Duco, qui mène beaucoup de chantiers en régions PACA, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. « On fait beaucoup de chantiers aussi dans le Nord. Même si, là-bas, ils sont plus préoccupés par la pluie ces derniers temps que par le soleil. On peut dire que toute la France est largement concernée, même toute l'Europe », estime Francois Laurent.
La France n’est toutefois pas LE pays du brise-soleil. Par exemple, les BSO, dont on vante les mérites, progressent mais ne se vendent qu'en centaines de milliers, oscillant entre 200 000 et 300 000 unités par an. « Mais cela reste encore une solution marginale au niveau du marché. Contrairement, par exemple, à l'Allemagne, où l’on en vend plusieurs millions par an », commente Vladimir Lubzhbin-Asseev d’Actibaie. Ni même comparé à la Suisse, « le pays du brise-soleil », selon Jérôme Henriot de Schenker Stores, où on les apprécie pour leurs qualités thermiques et énergétiques.
Même dans le logement, le brise-soleil n’a pas le même succès. Le résidentiel français concentre par exemple 20 % des installations, contre 80 % dans le tertiaire. Même si dans le logement collectif neuf, on retrouve de plus en plus « dans les pièces de jour, des brise-soleil orientables », note M. Henriot. Pareil pour les lames-fixes, présentes dans cette catégorie d’habitat sous forme de casquettes ou de volets coulissants dans les projets Duco.
Il faut dire qu’« en France, on est plus traditionnellement sur le volet, qu’il soit roulant ou battant », nous rappelle M. Lubzhbin-Asseev. De plus, « dans les maisons individuelles, on privilégie aussi des aspects sécurité. Et là, par contre, c'est le volet roulant qui est la solution la plus performante : pour des raisons anti-intrusion, etc. », détaille-t-il.
Une solution adaptée au neuf ou à la rénovation ?
Selon nos experts, les tensions dans le neuf font reculer les installations de brise-soleil. Une brèche s’ouvre cependant pour les brise-soleil à travers la rénovation. Par exemple, en région lyonnaise, on remplace énormément les jalousies régionales par du BSO, précise Jérôme Henriot de Schenker Stores, pour qui la rénovation concentre 30 à 40 % de son activité.
Chez Duco ou bien chez Kingspan Light + Air, les chiffres montent plutôt à 50 %. « Depuis deux ans, les consultations sont majoritairement plus sur de la rénovation. Je pense que c'est aussi dans la philosophie des bâtiments, plus les aides de l'État qui ont été assez considérables pour les rénovations », analyse Sarah Bellon.
« On le voit clairement : il y a beaucoup d'appels d'offres qui sortent en rénovation énergétique, notamment sur des bâtiments publics. Beaucoup de collèges, de lycées, de bâtiments administratifs sont rénovés en ce moment », remarque pour sa part Francois Laurent.
Des réglementations claires sur l’installation ?
Autre préoccupation autour du brise-soleil : les normes de pose, qui demeurent inégales entre le BSO et les lames fixes-mobiles. Sur l’orientable, la réglementation est inexistante. « Cela paraît un peu bizarre, mais notamment sur le verre, on a de vraies problématiques. Et aujourd'hui, c’est aussi un peu notre cœur de métier : on a pratiquement et systématiquement que des Atex sur les brise-soleil», approuvés par le CSTB, nous livre Sarah Bellon de Kingspan Light+Air.
François Laurent acquiesce. « Il y a une recommandation RAGE, qui date de 2012, sur la mise en œuvre, un avis du CSTB sur la bonne utilisation d'un produit, mais destiné à rentrer dans une réglementation. Mais comme il n'y a pas de réglementation, cela ne sert à rien d'avoir des avis techniques sur ce produit-là », déplore-t-il.
Les deux industriels réclament une réglementation tant sur la conception que l’installation de ces brise-soleil.
Côté BSO, « on est plus encadré, réglementairement », nous assure Jérôme Henriot de Schenker Stores. « C'est un produit qui est assez mobile. Parfois il n'y a pas de coulisse, et c’est guidé par des câbles. Pour s’assurer qu’ils bougent moins et résistent mieux au vent, il faut faire attention avec ces produits-là », souligne Vladimir Lubzhbin-Asseev, du Actibaie. D’où l’existence d’un DTU 34-4, réglementant l’installation des BSO. Le groupement de la FFB diffuse également des guides sur les BSO et sur l'ensemble des protections solaires avec le SNFA.
> Consulter le dossier spécial Confort d'été
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Schenker Stores