Crise du logement : 150 000 emplois en danger d'ici 2025
« Nous croyons que le secteur du bâtiment, et notamment le logement, peut atteindre un consensus quasi-majoritaire, cela se reflète dans les différents programmes des législatives », a introduit Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), lors d’une conférence de presse.
Intitulée « Dix solutions du bâtiment », cette dernière fait écho à la dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée par Emmanuel Macron il y a quelques semaines et au désagrément continu du secteur du bâtiment, qui « se prolongera en 2024-2025 », selon les prévisions émises par l’association. En effet, « aucune mesure emblématique pour relancer la construction neuve ou booster la rénovation énergétique n'a été prise depuis de nombreux mois », déplore son président.
S'il a salué les investissements massifs dans le logement promis par le Nouveau Front populaire (NFP), il a également mis en garde contre des mesures jugées « extrêmes » de l'alliance de gauche, arrivée en tête du scrutin mais loin d'une majorité absolue.
« Une bombe sociale »
Actuellement, le secteur du logement traverse « une grave crise », affectant aussi bien le neuf que la rénovation énergétique, « cette dernière étant quasi paralysée depuis plus de six mois », indique Olivier Salleron. Le président de la FFB aimerait notamment qu' « une union nationale se forme autour du logement décent et abordable, que ce soit pour l'accession à la propriété, la location ou le logement social ».
Les chiffres actuels montrent que la production de logements reste très insuffisante, avec seulement 80 000 logements construits par an alors qu'il en faudrait entre 110 000 et 125 000. L'hiver dernier, plus de 300 parlementaires avaient voté des mesures pour relancer la construction de logements, mais celles-ci ont été annulées par la commission des finances et le 49.3.
« Comme l'a dit un ancien ministre du Logement, la "bombe sociale" a déjà commencé à exploser lors du premier tour des législatives », poursuit-il, indiquant que les mises en chantier et les permis de construire sont encore en forte baisse. La FFB prévoit seulement 250 000 à 260 000 mises en chantier en 2024, bien en-dessous des besoins.
Selon lui, le déficit de logements en France continue de « creuser une fracture territoriale ». Les secteurs non résidentiels neufs subissent également un repli, bien que moins prononcé. Quant aux locaux agricoles et les bâtiments administratifs, ils montrent une légère progression, probablement en raison du cycle électoral municipal.
25 000 postes détruits au premier trimestre
Sur le plan de la rénovation énergétique, lacomplexité de MaPrimeRénov' a causé une chute de 85 % des dossiers traités en début d'année. Même si la situation s'est améliorée depuis le 15 mai, les résultats restent « préoccupants », signale M. Salleron. En 2024,l'emploi dans le secteur du bâtiment décroît dangereusement, avec 25 000 postes détruits au premier trimestre, et 60 000 suppressions prévues d'ici septembre.
La stabilité de MaPrimeRénov' au-delà du 31 décembre est également nécessaire. « Si rien n'est fait, 150 000 emplois dans le bâtiment sont en danger d'ici 2025, avec des conséquences pour l'ensemble de la filière », poursuit-il.
Les défaillances d'entreprises sont revenues au niveau de 2015-2016, avec « une possible accélération dans les prochains mois », prévient le président de la FFB. La crise du bâtiment, qui pèse lourdement sur l'économie française « a besoin de mesures rapides pour redresser la situation ».
« Notre alliance pour le logement reste active et prévoit des actions dès la rentrée », conclut M. Salleron, qui entend « travailler avec le nouveau gouvernement, notamment sur le projet de loi de finances pour 2025 ».
Marie Gérald
Photo de Une : Olivier Salleron - ©Arthur Maia