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Claude Dilain, infatigable défenseur des banlieues, est mort

Publié le 03 mars 2015

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Le sénateur socialiste de Seine-Saint-Denis Claude Dilain est mort mardi matin à l'âge de 66 ans. Clichy-sous-Bois perd son ancien maire, en place lors des émeutes de 2005, et défenseur inlassable des banlieues populaires. De nombreux hommes politiques lui ont rendu hommage, jusqu'au sommet de l'État.
Claude Dilain, infatigable défenseur des banlieues, est mort - Batiweb

Claude Dilain, père de cinq enfants, est décédé des suites d'un accident cardio-vasculaire dans un hôpital parisien. Un hommage républicain doit lui être rendu dans les jours qui viennent dans cette commune de Seine-Saint-Denis, a indiqué Olivier Klein, qui lui avait succédé à la mairie de Clichy-sous-Bois. De nombreux hommes politiques ont rendu hommage au sénateur, jusqu'au sommet de l'État, François Hollande saluant dans un communiqué son « combat exemplaire pour les droits des habitants des quartiers ».

Pédiatre dans cette banlieue pauvre du nord-est de Paris de 1978 à 2013, Claude Dilain se décrivait comme un porte-voix des habitants des quartiers populaires, rôle qu'il a définitivement endossé lors des émeutes urbaines en 2005. La mort par électrocution de deux adolescents à Clichy-sous-Bois, dans un transformateur où ils s'étaient réfugiés après une course-poursuite avec des policiers, avait été le déclencheur de plusieurs semaines d'émeutes dans les banlieues.

A l'époque, les médias du monde entier avaient porté leur attention sur Clichy-sous-Bois, devenu le symbole des maux de la banlieue, et M. Dilain était apparu en première ligne. Il n'avait depuis jamais cessé d'interpeller les pouvoirs publics sur la détresse des quartiers populaires, oubliés des politiques publiques. Hasard du calendrier, le procès des deux policiers poursuivis pour ces faits, doit se tenir du 16 au 20 mars devant le tribunal correctionnel de Rennes où il a été dépaysé.

Contre le cumul des mandats

Le Premier ministre Manuel Valls rend hommage à un « élu exemplaire, qui aura marqué sa ville de Clichy-sous-Bois, la Seine-Saint-Denis et la République ». Pour François Rebsamen, Ministre du Travail, l'ancien Président de l’Association Villes et Banlieues, « était reconnu non seulement pour sa parfaite connaissance des quartiers difficiles mais également pour son engagement sans faille en leur faveur ». Elu de la République, engagé en faveur de l’égalité, « Claude Dilain a apporté à l’action de l’Agence sa force de conviction et son engagement » indique l'ANAH.

En 2010, dans une tribune au Monde, Claude Dilain relatait une visite organisée pour une délégation de parlementaires dans sa ville, confrontés ainsi à la misère à seulement 15 km de Paris. L'occasion de dire sa « honte d'être le représentant impuissant de la République française, et de faire passer un message qu'il jugeait essentiel : que la politique de la ville, si elle n'est pas défendue au plus haut de l'État ne peut résoudre les problèmes des banlieues les plus difficiles ».

Homme de terrain, ayant grandi à la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Claude Dilain avait fait son entrée au Sénat en 2011, où il était membre de la commission des affaires sociales. Il avait continué d'y pourfendre les inégalités territoriales, s'illustrant notamment dans la lutte contre les copropriétés dégradées. A la chambre haute, Claude Dilain avait été l'un des rapporteurs de la loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur).

Il avait aussi été à l'initiative en 2012 d'un appel contre le cumul des mandats électifs, ayant lui-même démissionné de son mandat de maire en arrivant au Sénat. Claude Dilain était également président du conseil d'administration de l'ANAH, Agence nationale de l'habitat.

Un homme politique intègre

Beaucoup de ceux qui lui rendront hommage dans sa ville de Clichy-sous-Bois, l’auront connu non seulement comme maire mais aussi comme médecin de leurs enfants. Il a été pendant longtemps le seul pédiatre de cette banlieue où les spécialistes ne se battent pas pour s’installer.

Son cabinet était ouvert de longues heures, à toutes et tous. Les parents se souviendront de son empathie et des conseils qu’il prenait le temps de dispenser aux familles, aussi bien pour les soins de leurs enfants que pour l’apprentissage du rôle de parent.

Les jeunes adultes auront en mémoire la disponibilité et l’écoute dont il faisait preuve quand il les recevait, enfants devenus adolescents, et à qui il dispensait de précieux conseils que les parents n’étaient pas toujours en état de donner.

C’est donc non seulement à un élu de la république, homme politique intègre et dévoué au bien public qu’il sera rendu hommage, mais aussi à un médecin infatigable et dévoué, que beaucoup regretteront. La rédaction de Batiweb s’associe à la douleur de ses proches et les assure de toute sa sympathie.

Bruno Poulard et Régis Bourdot (avec AFP)

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