Artisanat du bâtiment : une activité stable, mais jusqu’à quand ?
En cette rentrée 2022, la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) présentait ce mardi le bilan de l’artisanat du bâtiment au 2ème trimestre 2022.
Au T2 2022, la croissance est restée stable, avec +3 % d’activité par rapport au T2 2021, après +3,5 % au trimestre précédent. Dans le détail, le segment de l’entretien-rénovation enregistre +3 %, et le neuf +2,5 %, porté par la hausse des permis de construire en début d’année, avec l’entrée en vigueur de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020).
Côté corps de métiers, les travaux d’électricité enregistrent +4 %, l’aménagement-décoration-plâtrerie +3,5 %, et la couverture-plomberie-chauffage +3 %. L’activité est en revanche en légère baisse pour la maçonnerie et la menuiserie-serrurerie, avec respectivement -2,5 % et de -2 % par rapport à un an plus tôt.
« Les chiffres sont encore favorables et le secteur de l’artisanat du bâtiment tire son épingle du jeu. Les artisans du bâtiment ont encore relevé le défi, maintenu l’activité et l’emploi », a résumé Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, en introduction. « Mais la contraction du marché est présente, et les inquiétudes que l’on a déjà exprimées continuent de perdurer et se font plus prégnantes. On se questionne sur la deuxième partie de l’année 2022, et surtout sur 2023 », a-t-il poursuivi.
Des hausses de prix qui se poursuivent
Après avoir constaté des hausses de prix d’en moyenne 18 % au 1er trimestre 2021, la fédération enregistre cette fois-ci +26 % sur les 7 premiers mois de l’année. De fait, le poids des achats en matériaux et matériels représente désormais en moyenne 32 % des coûts d’une entreprise artisanale du bâtiment.
Alors que l’inflation sur les matières premières se poursuit, la dernière enquête menée par la Capeb montre que les entreprises du bâtiment sont plus nombreuses à répercuter ces hausses de prix. Elles étaient seulement 45 % à le faire en janvier, contre 81 % en juillet.
Toujours sur ces hausses de prix, Jean-Christophe Repon a rappelé que la Capeb n’avait pas souhaité signer la déclaration commune de solidarité en juillet dernier, estimant notamment la lisibilité sur les indices de prix insuffisante. « Nous nous étions battus pour qu’il existe une petite phrase sur le délai de prévenance d’un mois sur l’augmentation des prix », sans que cette dernière n’ait été retenue, a-t-il regretté.
« Nous demandons aux industriels et aux distributeurs une vraie transparence dans les hausses de prix annoncées car nous sommes convaincus que certaines hausses que nos entreprises subissent actuellement vont bien au-delà du simple impact de la guerre en Ukraine et/ou de la hausse du coût des énergies », a insisté le président de la Capeb.
Beaucoup d’attentes autour des Assises du BTP
Pour les 6 prochains mois, 69 % des entrepreneurs du bâtiment prévoient une activité stable, soit 16 points de plus qu’au trimestre précédent. De fait, la Capeb revoit légèrement à la hausse ses prévisions pour l’ensemble de l’année 2022, prévoyant entre +2 et +2,5 % de croissance. Côté emploi, elle estime entre 12 000 et 15 000 le nombre de création d’emplois nets.
Le président de la Capeb a également souligné la participation de la fédération à plusieurs groupes de travail, notamment sur la sobriété énergétique, et sur les Assises du BTP, qui devraient se tenir le 22 septembre prochain. Dans ce contexte, la fédération formule 26 propositions, notamment axées sur la lutte contre l’inflation, la transparence des prix, ou encore la simplification des dispositifs d’aide à la rénovation énergétique.
« Les Assises du BTP sont un premier rendez-vous de négociation avec le gouvernement. Les artisans du bâtiment attendent des signes forts qui portent l’activité », a conclu Jean-Christophe Repon.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock