Artisanat du bâtiment : un « effet Notre-Dame » sur l’attractivité des métiers
Après les entreprises artisanales créées en 2023, un baromètre ISM-MAAF fait un point global sur cet écosystème. Différentes tendances sont observées, entre les créations d’entreprises mais aussi le nombre d’apprentis.
Des effectifs d’apprentis doublent dans certains corps de métiers…
Alors que la cathédrale Notre-Dame de Paris ouvre de nouveau ses portes le 7 décembre, son chantier de reconstruction aurait attiré une vague d’apprentis vers les métiers d’art du patrimoine bâti.
Résultats de cet « effet Notre-Dame » : le nombre d’apprentis charpentiers, « filière en tension depuis des décennies », grimpe de 44 %. Mais la progression de l’apprentissage est plus forte chez les maçons du bâti ancien (+94 %) et zingueurs (+84 %).
Sans compter des professions de niche, telles que les facteurs d’orgues et vitraillistes, dont le nombre d’apprentis bondit respectivement de 160 % et de 72 %.
… et des entreprises qui se raréfient parmi d’autres
« Après la période de crise sanitaire, qui a poussé de nombreux créateurs à passer le cap de l’entrepreneuriat, la création d’entreprise dans l’art et la création reste au plus haut depuis 3 ans. On ne parle alors plus de « boom » mais bien d’une tendance solidement installée », observe Catherine Elie, directrice des études ISM.
Ainsi, fin 2024, 120 000 entreprises artisanales dans les métiers d’art sont dénombrées en France. La création d’entreprises est « à son plus haut niveau depuis 3 ans avec en moyenne 18 000 créations chaque année », indiquent les auteurs du baromètre.
« Cette dynamique ne doit cependant pas nous faire oublier que l’immense majorité des artisans indépendants restent des micro-entrepreneurs, qui ne vivent pas forcément de leur art », ajoute Mme Elie. 82 % des artisans indépendants du secteur exercent sous ce statut.
D’autant que des artisans « passeurs de savoirs » sont menacés de disparition, en raison de leur raréfaction. C’est le cas notamment des briquetiers et tuiliers, comptant respectivement 40 et 20 entreprises en 2024.
Heureusement, l’emploi dans l’artisanat de salariés évolue, bien que modestement (+4 % entre 2017 et 2022). Des métiers se distinguent, comme les professionnels des charpentes et menuiseries, qui voient leurs effectifs augmenter de 4 %.
La Nouvelle-Aquitaine et la Corse « championnes de l’artisanat d’art et de création »
«L’artisanat d’art et de création est aussi celui de nos territoires avec des filières profondément ancrées dans nos régions et qui perpétuent des savoir-faire séculaires », souligne de son côté Antoine Ermeneux, directeur général de MAAF.
Les plus grandes régions d’implantation sont celles du sud de la France. En particulier dans des départements ruraux, comme le Lot, l’Ariège, les Hautes-Alpes ou encore la Creuse. Mais les championnes de l’artisanat d’art et de création seraient la Nouvelle-Aquitaine et la Corse, selon le baromètre.
« Toutes les régions ont bénéficié d’un regain d’attractivité ces cinq dernières années avec une hausse moyenne du nombre d’entreprises proche de 50 % », précisent les auteurs du baromètre.
Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock